dans un entrefilet aux côtés d’une caricature de Bill Gates. C’était une
démolition en règle de mon enthousiasme (déjà) affiché
des bienfaits de la
technologie pour « améliorer la vie des vrais gens ». Cet avertissement m’a
malgré tout fait rire, ce qui me rassure sur mon sens de l’humour, parce que
même si je réalise que c’est un peu naïf ou présomptueux, ça me plaît
vraiment de créer des objets ou des services adaptés à la vie de tous les jours,
qui seront utilisés par des millions de personnes. Je le fais en mettant la
technologie au service de ces fameux « vrais gens ». Je le fais avec tout mon
cœur, en cassant quelques règles en passant et en commençant modestement
par détourner les objets de leurs fonctions premières. Il faut améliorer notre
quotidien en faisant en sorte que la technologie nous assiste,
pour que nous
ayons un plus grand confort et que notre vie soit plus agréable. C’est le
principe même de notre fameuse intelligence augmentée. Les objets
deviennent des assistants, mais sont-ils pour autant intelligents ? Et s’ils le
sont, pourquoi et comment le deviennent-ils ? Ils le deviennent parce qu’on
les détourne de leur fonction première, de leur but initial. Si une lampe n’est
plus
juste une lampe, mais qu’on lui donne une autre mission, par exemple
celle
de nous informer, ça devient autre chose. Dans mon bureau, j’ai une
lampe qui clignote en rouge quand je reçois un mail de ma femme. La lampe
a été détournée pour devenir un assistant qui améliore la qualité de vie… de
mon couple ! La lampe ne se serait jamais allumée si elle n’avait pas interagi
avec mon service de mail. Les objets deviennent des assistants intelligents car
on les détourne de leurs fonctions premières, grâce à la collaboration avec
d’autres objets. C’est la diversité et non l’uniformité qui crée de l’intelligence.
Il faut casser les silos dans lesquels sont installés les objets et leurs fonctions,
créer une coopération
entre ces silos, et ça, c’est de l’interopérabilité. Elle
permet aussi de donner un sens nouveau aux objets. Par exemple, un
podomètre comme le Fitbit, qui vous rapporte tous les jours le nombre de pas
que vous avez effectués, a une durée moyenne d’utilisation de deux mois et
demi, après les gens s’en lassent et les laissent dans leurs tiroirs. Pourtant, je
mets mon Fitbit à ma ceinture tous les matins depuis près de dix ans.
Pourquoi ? Pas uniquement parce qu’il
comptabilise mes pas, j’ai depuis
longtemps une bonne idée de ce qu’il y aura sur l’écran sans avoir à le
regarder, mais parce qu’il collabore avec mon thermostat et avec d’autres
objets connectés chez moi. Quand je rentre d’un footing par exemple, mon
niveau d’activité, enregistré
par mon Fitbit, dénote que j’ai chaud, et la
température de ma maison s’ajuste automatiquement, me permettant de me
sentir plus confortable, mais aussi de faire des économies d’énergie. Cet
exemple simple montre comment le thermostat devient plus « intelligent »
quand il est couplé avec un monde qui lui est totalement étranger, à
savoir
celui du podomètre. Pour permettre ce genre de collaborations, il faut que les
objets se parlent entre eux, ce qui est plus compliqué qu’on ne le pense !
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