L'étude qui suit a bénéficié, pour la période béarnaise, de la collaboration de l'abbé de la Forcade et du colonel de Lesparda, de celle de Nicole et Gérard Claret, qui descendent, comme moi, de cette famille, et ont relevé les actes d'état civil de Sauveterre en Béarn. S'y ajoutent les renseignements récoltés aux archives départementales de Pau et de Guadeloupe, au CARAN et dans la série Colonies E.
Enfin, la période bordelaise est l'oeuvre intégrale du couple Claret.
Le Béarn
Les CASAMAJOR (CAZEMAJOR, CAZAMAJOU et autres variantes du nom) sont surtout nombreux au sud de la France, Béarn, Aquitaine et Roussillon.
La branche des SALABERT est une des moins connues, alors que certaines autres, celle des CHARITE, GESTAS, ONEIX, etc., furent titrées sous l'Empire ou la Restauration. Nous les retrouvons à Saint-Domingue.
Les CASAMAJOR du Béarn ont fait l'objet de plusieurs généalogies dont celle de Jaurgain.
Selon cet auteur, un certain Arnaudet qui, en 1399, appartenait aux "bandes" de Gaston PHOEBUS, comte de Foix et vicomte du Béarn, serait l'ancêtre présumé de la famille, dont la filiation prouvée remonterait à Bedoulon, qui vivait en 1460.
Toujours selon cet auteur, la cinquième génération à compter de Bedoulon serait représentée par Louis, qui épousa, en 1575, Marguerite de La COSTE de BADET et en eut quatre fils, dont l'un, Jacob, serait l'auteur de la branche SALABERT, ainsi que de celle d'ONEIX.
Il ne m'a pas été possible de vérifier les assertions des généalogistes jusqu'au départ d'un SALABERT à la Guadeloupe. Pour mémoire, nous citerons encore Jaurgain :
Jacob est "présumé père" de Jean, qui "paraît avoir pour fils" Jean Jacques. Ici commence une série d'inexactitudes, opinion que partage l'abbé de la Forcade, qui a bien voulu me communiquer ce qu'il savait des CASAMAJOR et de leurs alliés de LESPARDA. Ces erreurs ont été adoptées (faute de mieux) par Chaix D'est-Ange qui, comme Jaurgain, se fonde sur de Cauna (armorial des Landes) pour trouver dans cette province un CASAMAJOR SALABERT. Or, Jaurgain lui-même dixit, dès 1491, a lieu le mariage d'Arnaud de CASAMAJOR avec Mariotte, fille de Johan de SALABERT, seigneur de l'OSTAN et de la maison noble d'ATHOS, le tout en Béarn.
Je ne citerai pas les erreurs qui émaillent la descendance de Jean Jacques. Je préfère me fixer :
1/ Pour les proches ascendants du premier SALABERT guadeloupéen, aux indications de l'abbé de la Forcade.
2/ Pour l'histoire de la famille à la Guadeloupe, aux archives, nationales et départementales, et à l'état civil.
Dans la deuxième moitié du dix-huitième siècle, deux frères CASAMAJOR SALABERT débarquent à la Guadeloupe.
Selon toute probabilité, leur arrière-grand-père est ce Jean Jacques cité plus haut.
Aux archives des Pyrénées Atlantiques, sous la référence E 2125 f° 207, nous trouvons, à la date du 3 juin 1680 et passé chez Maître Jean de Tachies, l'enregistrement des pactes de mariage de Jean Jacques de CASAMAJOR SALABERT, praticien à Sauveterre, et Suzanne de BALANCY, de Salies.
Leur fils, Pierre, épouse Marie DESPERBASQUE, également de Salies.
Ceux-ci ont pour fils un autre Pierre, dont nous connaissons mieux l'histoire. Né vers 1700, il a, probablement, une première union que nous ne connaissons que par l'existence de sa fille Jeanne, marraine, en 1735, de sa demi-soeur Marie.
Le 29 mars 1729, est établi chez Maître Ribeaux, notaire à Départ (aujourd'hui inclus dans la commune d'Orthez) le contrat de mariage (cote 3 E 266 aux archives de Pau) entre Pierre de CASAMAJOR SALABERT, de Sauveterre, avocat à la cour, et Jeanne de LESPARDA, septième enfant de noble Isaac de LESPARDA, lieutenant dans les bandes béarnaises, trésorier du roy et receveur des tailles aux parsans d'Orthez et de Sauveterre, conseiller du Roy, décédé le 25 octobre 1717, et de demoiselle de BALANSUN.
Je n'ai pu me procurer cet acte, mais l'abbé de la Forcade m'en signale de curieuses particularités : Les fiancés sont seuls, sans les parents, qui les accompagnent habituellement; ils n'étaient sans doute pas favorables au mariage, mais les futurs époux déclarent qu'ils l'approuveront; ils feront bénir leur union dans le mois. Ce mariage n'aura lieu que trois ans et huit mois plus tard, le 19 novembre 1732, en l'église de Départ.
Ils avaient tout de même attendu cette cérémonie pour avoir et faire baptiser, toujours à Sauveterre, leurs cinq enfants :
1 Jean, né le 22 août 1733, baptisé le 23. Il sera le premier CASAMAJOR à partir pour la Guadeloupe; parrain Jean de Lesparda, marraine Marie de Lichigaray, oncle et tante.
2 Marie, née le 7 janvier 1735 et baptisée le 8; parrain Jean Delagarde, "son cousin germain", marraine Jeanne Casamajor, sa demi-sœur.
3 Jean Jacques, né le 9 mai 1736, baptisé le 10; parrain Jean Jacques de Casamajor, oncle paternel; marraine Jeanne Marie Desperbasque, sa "tante venue de germain".