Mécanismes psychologiques de base
Quelles sont les conséquences de ce dualisme pour la constitution d'une psychologie cartésienne ? Et principalement par la distinction opérée par Descartes entre les phénomènes purement spirituels et les phénomènes qui résultent de l'influence du corps sur l'âme. Ainsi, la perception sensible est-elle l'effet des esprits animaux sur l'âme par le moyen de la glande pinéale. On a alors un mécanisme analysé ainsi par Descartes :
des mouvements provoqués dans le cerveau ;
l'action de ces mouvements dans le cerveau sur l'âme par l'intermédiaire de la glande pinéale ;
les jugements que nous portons sur les choses extérieures à partir de ces mouvements.
Ce troisième moment est exclusivement le fait de l'âme, et c'est par là que nous sommes portés à juger presque involontairement de l'existence des choses extérieures.
Les facultés de l’homme
Cette description des mécanismes psychologiques permet de définir certaines de nos facultés.
Ainsi le souvenir des choses matérielles est-il la conservation de certaines traces des mouvements provoqués dans notre cerveau. De même, l'imagination ne s'explique que par des mouvements corporels joints à une certaine activité de l'âme. Seule la pensée est active, en ce sens qu'elle n'a pas besoin de mouvements matériels : selon Descartes, la pensée est possible sans la perception et sans l'imagination.
Descartes opère une distinction semblable en ce qui concerne nos actions : l'appétition est un mouvement produit par le corps, alors que la volonté appartient à l'âme seule. Notre volonté est donc indépendante de toute influence sensible, bien plus, la causalité naturelle n'affecte pas notre volonté.
L'erreur est privation et non négation
Cette indépendance de la volonté est d'ailleurs un signe de notre perfection relative : alors que notre entendement est imparfait (nous ne comprenons pas tout ; voir ce qui a été dit dans la section sur la théologie), notre volonté est illimitée, et elle s'étend plus loin que l'entendement.
Cette différence de perfection entre la volonté et l'entendement permet à Descartes de faire une « psychologie de l'erreur » : l'erreur se produit lorsque nous donnons notre assentiment à quelque chose que notre entendement ne comprend pas clairement et distinctement. La cause de l'erreur n'est ni dans la volonté (perfection qui nous rapproche le plus de Dieu) ni dans l'entendement (nous pouvons prendre conscience de son imperfection), mais dans la conjonction des deux, lorsque nous jugeons avec précipitation et sur la base de nos préjugés.
Dieu, qui est parfait, ne peut pas être cause de l'erreur60 : nous sommes donc responsables de nos erreurs, qui résultent de ce que nous ne maintenons pas notre volonté dans les limites de notre entendement. L'erreur n'est que de notre point de vue, c'est-à-dire qu'elle est un signe de notre imperfection ; mais elle n'est rien du point de vue de Dieu, c'est-à-dire négation, car l'erreur n'a pas d'existence substantielle et ne résulte que du fait que « Dieu nous a pas donné tout ce qu'il pouvait nous donner, et […] qu'il n'était point tenu de nous donner »61. Mais puisque l'erreur n'affecte pas notre nature elle-même, ce sont donc seulement des « défauts de notre façon d'agir »62. Par là Descartes s'oppose à une conception augustinienne et pessimiste de la nature humaine
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