L’union de l’âme et du corps
L'âme est pour Descartes une substance indépendante, et seuls les êtres pensants ont une âme. Il y a pour Descartes une grande différence entre l'âme et le corps : l'âme est une substance pensante (res cogitans ou « chose qui pense »), la matière est une substance « étendue » (res extensa ou « chose étendue »).
En raison de cette distinction entre substance pensante et substance étendue, soit donc aussi entre l'âme et le corps, on parle souvent d'un dualisme cartésien.
En partant du cogito, Descartes fait de la conscience de soi un fait primitif. Par cette « conscience », je peux penser l'âme, en tant que substance pensante, d'une manière entièrement indépendante du corps. Nous pouvons avoir, dit-il, une connaissance claire et distincte de l'âme, indépendamment du corps: cela en fait donc une substance « réellement distincte » (Principes de la philosophie, I, 60).
L'homme est donc un composé de deux substances. Cela soulève une autre difficulté (posée par exemple par la princesse Élisabeth de Bohême, princesse Palatine, lors de leurs échanges épistolaires) : comment comprendre l'union de l'âme et du corps ?
D'une part, une telle notion de l'âme provoque une violation évidente des principes de la physique cartésienne : en effet, l'âme produit des mouvements sans compensation « étendue » : elle modifie le mouvement des esprits animaux, et est même aussi modifiée elle-même par ce mouvement, et pourtant elle demeure un principe spirituel irréductible aux mécanismes de la nature. L'idée de l'âme est ainsi contraire au principe de l'inertie
D'autre part, si l'âme agit sur le corps et inversement, ces deux substances ne peuvent être « absolument » indépendantes l'une de l'autre : la causalité implique un rapport de dépendance. L'âme et le corps sont donc dans une certaine communauté, et leur indépendance réciproque, affirmée par Descartes, rend cette union « relativement » inintelligible[réf. nécessaire].
Descartes admet ces difficultés : en effet, dit-il[réf. nécessaire], nous ne pouvons comprendre cette union, mais nous en avons néanmoins, l'expérience tout au long de notre vie.
Cette distinction dite « réelle » du corps et de l'âme ne s'oppose donc pas à leur union : le « dualisme » cartésien ne signifie pas qu'âme et corps soient complètement séparés : il y a ainsi « certaines choses que nous expérimentons en nous-mêmes, qui ne doivent pas être attribuées à l'âme seule, ni aussi au corps seul, mais à l'étroite union qui est entre eux […] : tels sont les appétits de boire, de manger, et les émotions ou passions de l'âme, qui ne dépendent pas de la pensée seule, comme l'émotion de la colère, de la joie, de la tristesse, de l'amour, etc. tels sont tous les sentiments, comme la lumière, les couleurs, les sons, les odeurs, le goût, la chaleur, la dureté, et toutes les autres qualités qui ne tombent que sous le sens de l'attouchement. » (Principes de la philosophie, I, 48).
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