Bertrand Billot
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris, France;
bertrand.billot@orange.fr
Les femmes des Évangiles dans l’art protobyzantin :
choix des scènes et problèmes d’identification
Les Évangiles rapportent de nombreux épisodes lors desquels Jésus interagit avec des femmes.
Certaines, à l’exemple de sa mère Marie, font partie de sa famille. Plusieurs, comme les sœurs de
Lazare, comptent au nombre de ses amies personnelles. D’autres encore comme la Samaritaine, la
femme adultère, la veuve à l’obole ou la femme pécheresse, sont simplement croisées par le Christ
lors de ses pérégrinations. Leur rencontre avec Jésus est l’occasion d’un enseignement moral. On
compte également quelques femmes impliquées dans des épisodes de miracles : l’hémorroïsse, la
Cananéenne, la fille de Jaïre, la veuve de Naïn ou encore la belle-mère de Pierre.
Notre communication dressera dans un premier temps un état des lieux des représentations des
femmes des Évangiles dans le premier art chrétien. Si la Théotokos apparait comme un acteur essentiel
dans les programmes décoratifs christologiques, il n’en va pas de même des femmes mentionnées
plus haut, dont la plupart sont rarement figurées avant le 6ème siècle. Nous constaterons que les
femmes représentées dans l’art protobyzantin sont principalement celles qui sont bénéficiaires
d’un miracle, tandis que les femmes liées à un enseignement moral, et dont l’histoire ne présente
aucune dimension prodigieuse, sont généralement exclues de l’iconographie. Il existe néanmoins
une exception : la rencontre avec la Samaritaine est en effet assez fréquemment représentée dans le
premier chrétien. Nous tenterons d’apporter des éléments d’explication concernant ce phénomène.
Nous nous intéresserons dans un second temps aux problèmes d’identification posés par la
figure de l’hémorroïsse. L’iconographie de cette scène est en effet à rapprocher de celle de la guérison
de la fille de la Cananéenne. Une mosaïque du cycle christologique de l’église Saint-Apollinaire-le-
Neuf de Ravenne nous servira de point de départ pour dégager des éléments propres à l’identification
de chacune des deux scènes. Nous constaterons également comment l’hémorroïsse doit sans doute
être identifiée dans plusieurs décors illustrant la résurrection de la fille de Jaïre ou la résurrection
de Lazare. Dans ces épisodes, elle semble parfois remplacer l’épouse de Jaïre ou les sœurs de Lazare,
traditionnellement identifiées en proskynèse aux pieds du Christ.
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