Glycérie M. Chatzouli
Aristotle University of Thessaloniki, Thessaloniki, Greece;
glychatz@theo.auth.gr
L’épitaphios brodé de 1787 par la collection ecclésiastique
du Monastère de Mega Spilaion en Péloponnèse/Grèce
Le monastère historique de la Dormition de la Vierge bien connu sous le nom « Mega Spilaion »
a été construit précisément niché dans les rochers de Chelmos, à une distance de 20 kilomètres
au sud-est d’Eghion à Péloponnèse en Grèce. Parmi les trésors de la collection ecclésiastique du
monastère y existe un épitaphios brodé sur une pièce de tissus en dimensions 72 x 100cm. Il a été
exécuté sur soie rouge, à l’aide du fil d’or et d’argent. Le Christ, représenté au milieu de l’étoffe est
étendu sur son sépulcre. Son corps est brodé de fil de soie ; couleur de peau, tandis qu’une écharpe
couvre les reins.
A droite du Seigneur se tient la Vierge, assise, ayant sur ses seins la tête de son fils, tandis que
de l’autre côté du sarcophage Joseph d’Arimathie, barbu tenant le linceul, se courbe du côté des
pieds. Égaré par sa douleur saint Jean embrasse la main du Seigneur. Une Myrophore prend part au
drame terrestre de Jésus. Le disciple Nicodème, figuré debout, ajoute le groupe des Deuillants. Le
ciborium fait de cinq colonnes, d’où quatre veilleuses sont suspendues, remplit le fond. De deux côtés
du ciborium des anges planés haussent les mains sous les gestes de deuil regardant attentivement
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bien affligés le groupe des Deuillants. A la partie gauche de l’étoffe liturgique se présente Golgothas
couronné de trois croix nues. Séparés par le sujet central du Thrène, on a placé les figures des
évangélistes à côté de leurs symboles, aux quatre coins de l’épitaphios.
Tout en bas du voile liturgique, on lit la dédicace brodée, en lettres majuscules : «ΔΙΑ
ΣΥΝΔΡΟΜΗΣ ΚΑΙ ΕΞΟΔΩΝ ΤΟΥ ΑΓΙΟΥ ΚΑΘΗΓΟΥΜΕΝΟΥ ΤΟΥ ΒΛΑΧΣΑΡΑΙ ΤΟΥ
ΚΥΡΙΟΥ ΒΗΣΣΑΡΙΩΝΟΣ ΠΕΛΟΠΟΝΝΗΣΙΟΥ ΜΕΓΑΣΠΗΛΑΙΩΤΟΥ ΑΨΠΖ » (=1787).
L’inscription nous renseigne sur les noms du monastère, du donateur et l’année de l’exécution
de l’épitaphios. On signale que le voile liturgique a été commandé à un atelier de Constantinople. Il
a été dédié en 1787 au monastère de la Vierge de Valaque Sérail à Constantinople. L’higoumène de
Valaque Sérail Bessarion de Péloponnèse, qui venait de Mega Spilaion, s’est chargé de la dépense.
Un document de Juillet 1786 qui a été signé par le patriarche Procope (1785-1789) précise que
l’higoumène de Mega Spilaion Bessarion allait se charger de la restauration du monastère endetté
de Saint Démétrios de l’île d’Antigonos- aujourd’hui Antigoni- des îles de Princes, qui appartenait
à la Métropole de Chalcédoine.
Aux chrysobulles de Février 1769 et de Juin 1748/Novembre 1785, les voévodes Jean Grégoire
Alexandre et Jean Michel de Constantin Soutzos ont attribué le Monastère désert de la Dormition
de la Vierge, qui était situé au Valaque Sérail de Constantinople, aux soins et à l’administration
spirituelle de Mega Spilaion. Plus précisément au deuxième chrysobulle se fixent les aggravations
économiques dont s’est chargée la dignité abbatiale du Monastère pour les offices bien proportionnés
de l’Eglise, ainsi que des autres activités dans la ville. En plus, les higoumènes et les prêtres de
Valaque Sérail doivent prier pour la paix des habitants orthodoxes de la région de Valachie.
L’équilibre des personnages de l’épitaphios de 1787, ainsi que la technique des fils en or et en
argent et le dessin bien soigné montrent précisément que cette broderie appartient à une qualité de
niveau supérieur. En prenant compte : a) de l’épitaphios de 1748 -en dimensions 90 x 60cm- de Saint-
Sépulcre (Panagiou Taphou) du Patriarcat de Jérusalem, b) de l’épitaphios de 1751 du Musé Byzantin
(N. BXM 21278) –en dimensions 76,5 x 109cm - provenant de l’Exarchat de Jérusalem, tous les deux
des œuvres de Mariora et c) de l’épitaphios du deuxième quart du XVIIIème siècle–en dimensions
122 x 101cm - du Monastère de Grigoriou du Mont Athos, peut-on conclure que l’ épitaphios de
1787 a été exécuté peut-être à l’atelier constantinopolitain du cycle d’une des élèves (les religieuses
Sophronie, Areti, Irène, Agathe, Marie etc.) de la fameuse brodeuse Mariora Pherzoulachi (1723-
1758), fille de Kousi dont son atelier se situait au Monastère de la Vierge Kamariôtissa de l’île de
Chalke aux îles des Princes.
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