133
bien affligés le groupe des Deuillants. A la partie gauche de l’étoffe liturgique se présente Golgothas
couronné de trois croix nues. Séparés par le sujet central du Thrène, on a placé
les figures des
évangélistes à côté de leurs symboles, aux quatre coins de l’épitaphios.
Tout en bas du voile liturgique, on lit la dédicace brodée, en lettres majuscules : «ΔΙΑ
ΣΥΝΔΡΟΜΗΣ ΚΑΙ ΕΞΟΔΩΝ ΤΟΥ ΑΓΙΟΥ ΚΑΘΗΓΟΥΜΕΝΟΥ ΤΟΥ ΒΛΑΧΣΑΡΑΙ ΤΟΥ
ΚΥΡΙΟΥ ΒΗΣΣΑΡΙΩΝΟΣ ΠΕΛΟΠΟΝΝΗΣΙΟΥ ΜΕΓΑΣΠΗΛΑΙΩΤΟΥ ΑΨΠΖ » (=1787).
L’inscription nous renseigne sur les noms du monastère, du donateur et l’année de l’exécution
de l’épitaphios. On signale que le voile liturgique a été commandé à un atelier de Constantinople. Il
a été dédié en 1787 au monastère de la Vierge de Valaque Sérail à Constantinople. L’higoumène de
Valaque Sérail Bessarion de Péloponnèse,
qui venait de Mega Spilaion, s’est chargé de la dépense.
Un document de Juillet 1786 qui a été signé par le patriarche Procope (1785-1789) précise que
l’higoumène de Mega Spilaion Bessarion allait se charger de la restauration du monastère endetté
de Saint Démétrios de l’île d’Antigonos- aujourd’hui Antigoni- des îles de Princes, qui appartenait
à la Métropole de Chalcédoine.
Aux chrysobulles de Février 1769 et de Juin 1748/Novembre 1785, les voévodes Jean Grégoire
Alexandre et Jean Michel de Constantin Soutzos ont attribué le Monastère désert de la Dormition
de la Vierge, qui était situé au Valaque Sérail
de Constantinople, aux soins et à l’administration
spirituelle de Mega Spilaion. Plus précisément au deuxième chrysobulle se fixent les aggravations
économiques dont s’est chargée la dignité abbatiale du Monastère pour les offices bien proportionnés
de l’Eglise, ainsi que des autres activités dans la ville. En plus, les higoumènes et les prêtres de
Valaque Sérail doivent prier pour la paix des habitants orthodoxes de la région de Valachie.
L’équilibre des personnages de l’épitaphios de 1787, ainsi que la technique des fils en or et en
argent et le dessin bien soigné montrent précisément que cette broderie appartient à une qualité de
niveau supérieur. En prenant compte : a) de l’épitaphios de 1748 -en dimensions 90 x 60cm- de
Saint-
Sépulcre (Panagiou Taphou) du Patriarcat de Jérusalem, b) de l’épitaphios de 1751 du Musé Byzantin
(N. BXM 21278) –en dimensions 76,5 x 109cm - provenant de l’Exarchat de Jérusalem, tous les deux
des œuvres de Mariora et c) de l’épitaphios du deuxième quart du XVIIIème siècle–en dimensions
122 x 101cm - du Monastère de Grigoriou du Mont Athos, peut-on conclure que l’ épitaphios de
1787 a été exécuté peut-être à l’atelier constantinopolitain du cycle d’une des élèves (les
religieuses
Sophronie, Areti, Irène, Agathe, Marie etc.) de la fameuse brodeuse Mariora Pherzoulachi (1723-
1758), fille de Kousi dont son atelier se situait au Monastère de la Vierge Kamariôtissa de l’île de
Chalke aux îles des Princes.