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Maladie du Père Champagnat



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1826

Maladie du Père Champagnat


[16] La maladie du bon Père affecta pourtant M. Courveille. Le 3 janvier, il adressa aux Frères une lettre que nous insérons textuellement ici: "Nos Très Chers enfants en J. et M., C'est dans la douleur et l'amertume de notre coeur que nous vous écrivons, pour vous ordonner de prier avec instance le Père des Miséricordes et notre Auguste Mère la divine Marie pour notre très cher et très aimé fils, M. Champagnat, votre très cher et vénérable Frère43 Directeur qui est dangeureusement malade.
[17] Je vous en conjure, mes Très Chers enfants, joignez-vous à nous pour prier instamment le divin Jésus et la divine Marie notre Mère de nous conserver un fils qui nous est si cher et à vous un père qui ne doit pas moins vous être cher. Priez MM. les curés d'avoir la bonté de prier pour lui et de le recommander aux prières des fidèles."
[18] Le 6 janvier 1826, la maladie du pieux Fondateur paraissant toujours grave, il fit son testament pour assurer l'avenir matériel de son oeuvre en ces termes:

[19] "Par devant Me Louis-Maximilien Finaz, notaire royal à la résidence de Saint-Chamond, département de la Loire, et en présence des quatre témoins ci-après nommés,

Comparaît: M. Marcellin Champagnat, prêtre, demeurant à l'Hermitage de Notre-Dame, commune de Saint-Martin-en-Coailleux, lequel dit sieur Marcellin Champagnat, indisposé de sa personne et néanmoins jouissant de la plénitude de tous ses sens, après avoir recommandé son âme à Dieu, dicte son testament public à nous, dit notaire qui l'écrivons au fur et à mesure qu'il le prononce et tel qu'il le prononce, les dits témoins présents.

[20] Je m'en rapporte pour mes obsèques et oeuvres pies à l'honneur de la religion et l'attachement de mes héritiers ci-après nommés.

[21] Pour recueillir tous les biens meubles et immeubles, droits et actions, sans aucune exception que je délaisserai, je nomme et institue pour mes héritiers universels Messieurs Jean-Claude Courveille, prêtre, demeurant actuellement au susdit Hermitage de Notre-Dame, commune de SaintMartin-en-Coailleux et Joseph Verrier, prêtre directeur du petit séminaire de Verrières, auxquels dits sieurs Jean-Claude Courveille et Joseph Verrier, je veux et entends que tous mes dits biens arrivent et appartiennent en toute propriété et fruits, aussitôt après ma mort, aux seules charges héréditaires.

[22] Finalement je révoque tous autres testaments par moi précédemment faits et veux que le présent soit seul exécuté selon sa forme et teneur.

[23] Telles sont les volontés du testateur, par nous dit notaire, écrites sans interruption et desquelles nous lui avons donné lecture, en présence desdits témoins susnommés.

[24] Dont acte fait et passé dans la susdite maison dénommée l'Hermitage de Notre-Dame, commune de Saint-Martin-en-Coailleux, domicile du testateur, au pied du lit dans lequel il est retenu par la maladie. Le six janvier après-midi, l'an mil huit cent vingt-six, en présence d'Antoine Desgrange, Frère servant à l'hospice de charité de la ville de Saint- Chamond y demeurant, Mathieu Patouillard foulonnier et propriétaire, demeurant au lieu des Gauds commune d'Izieux, Jean-Pierre Lespinasse, tailleur, demeurant audit lieu des Gauds commune d'Izieux et Pierre Robert, cultivateur, demeurant à l'Ayat dite commune d'Izieux, tous quatre témoins requis, les deux premiers ont signé avec nous dit notaire, non le testateur, ni les deux derniers témoins Lespasse et Robert qui ont déclaré ne savoir. M. Champagnat, testateur, ne pouvoir signer à cause de sa trop grande faiblesse et lesdits Lespinasse et Robert ne savoir signer de ce requis les uns et les autres.

Signé: Patouillard, Desgrange et Finaz, ce dernier notaire."

[25] L'original de ce testament est dans les minutes de Me Finaz, fils, à Saint-Chamond.

[26] Si le lecteur était surpris de voir le pieux Fondateur donner les propriétés de la Congrégation à M. Courveille dont il devait connaître la conduite à son égard, nous pourrions lui dire que le vénéré Père pouvait être embarrassé, attendu qu'il devait plusieurs milliers de francs à cet homme, lequel était le seul prêtre qui fut bien au courant des choses concernant la Congrégation. D'ailleurs, il lui donnait un contre-poids dans la personne de M. Verrier, un saint prêtre qui, en sa qualité de supérieur du séminaire de Verrières, aurait eu assez d'influence sur M. Courveille pour l'empêcher de gâter les affaires de l'Institut, le cas échéant.

[27] Au mois d'octobre, après sa sortie de l'Hermitage, M. Courveille invita le P. Champagnat à se rendre à Chavanay, en l'étude du notaire de cette localité, pour y régler leur compte. Le règlement se fit moyennant 5.000 fr. que le P. Champagnat paya à M. Courveille. Il paraît qu'il lui était dû davantage car l'acte porte que M. Courveille se réservait une chambre à l'Hermitage, sans doute pour se dédommager de la somme qu'il abandonnait.

[28] Nous pouvons croire aussi que M. Gaucher, curé de Chavanay et ami du pieux Fondateur qui avait de nos Frères depuis 2 ans, lui conseilla d'accepter cette condition pour en finir. Quoiqu'il en soit, le Père Champagnat obtint la renonciation ci-dessous que M. Courveille écrivit de sa main à Apinac et qu'il lui adressa le 21 mai 1830:

[29] "Je soussigné Jean-Claude Courveille, prêtre, demeurant à Apinac, déclare librement par ces présentes que j'acquitte et décharge purement et simplement M. Marcellin Champagnat prêtre, et supérieur à l'Hermitage de Gauds où il demeure, commune de Saint- Martin-en-Coailleux, de toutes les opérations soit ventes ou autres qu'il a fait pour moi et en mon nom, en vertu de la procuration que je lui ai passée par acte sous signature privée, fait à Chavanay, le 5 octobre 1826, enregistré à Saint- Chamond le 10 mai 1827. En conséquence, j'approuve et ratifie au besoin, tant lesdites ventes que les quittances qu'il a passées des prix d'icelles, dont il m'a fait compte, et je veux que tous ces actes sortent leur plein et entier effet, au moyen de quoi, je déclare n'avoir aucune répétition44 à faire à M. Champagnat."



Vie à N.-D. de l'Hermitage


[30] La gravité de la maladie du bon Père découragea les Frères et les postulants qui étaient à l'Hermitage. La piété et la régularité en souffraient. Au lieu de les encourager, M. Courveille se fâchait, grondait et réprimait violemment les moindres écarts. L'indiscipline augmenta. M. Courveille sévit de plus belle et renvoya quelques sujets. Voyant que le mal grandissait, cet homme qui se croyait si capable, déclara qu'il se souciait peu de la tournure que les choses allaient prendre et qu'il allait demander une cure45. Cette déclaration exaspéra les Frères. Le découragement fut à son comble. Chacun fit des projets pour le monde et se prépara à quitter un asile qu'il aimait. Le seul F. Stanislas ne perdit pas entièrement la tête. Tout en veillant le cher malade jour et nuit, il encouragea les Frères et les postulants de son mieux. C'est lui qui avait mis M. Dervieux au courant des dettes et qui par ses larmes l'avait décidé à s'en charger. Il fit de respectueuses, mais fortes observations à M. Courveille sur sa rigidité et ses maladresses. Celui-ci s'en froissa, dit qu'il n'avait pas fait les dettes et que, si le P. Champagnat mourait, lui se retirerait et laisserait tout périr. Le bon Dieu et la douce Mère eurent enfin pitié de nous. Le cher malade entra en convalescence et la confiance revint dans tous les coeurs.
[31] Encore très faible, mais apprenant que M. Courveille allait présider la coulpe et s'y montrer sévère, le pieux Fondateur pria le F. Stanislas de l'aider à s'y rendre. A son aspect tous se levèrent, les visages s'épanouirent et les yeux versèrent des larmes de joie. M. Courveille le vit, quitta la salle et n'y reparut plus.
[32] Apprenant que le Père Champagnat allait mieux et craignant qu'il ne fut mal soigné à cause de la pauvreté de la maison, M. Dervieux alla le prendre, l'emmena chez lui et lui prodigua tous les soins imaginables. Il tint à prouver ainsi que, s'il avait été opposé jadis au bon Père, c'est qu'on l'avait mal renseigné. Il resta désormais le meilleur ami du Père et des Frères.
[33] Pendant que le bon Père était en convalescence chez M. Dervieux, M. Courveille l'accusa encore à l'archevêché de s'occuper trop des intérêts matériels et de négliger l'instruction des Frères. L'archevêque envoya un vicaire général46. Apprenant son arrivée, le pieux Fondateur se hâta d'aller lui présenter ses respects. Le vicaire général le reçut mal, lui fit de vifs reproches et n'accepta aucune de ses raisons. Il vit tous les Frères en particulier et ne les trouva pas assez instruits. Il était évident qu'il épousait les idées de M. Courveille. En partant, il réitéra ses reproches au bon Père et lui défendit de bâtir encore.
[34] Le triomphe de M. Courveille ne fut pas de longue durée. Cet homme qui ne voyait que des défauts dans les autres, que des désordres partout, se mit dans un cas honteux et courut faire une retraite à la trappe d'Aiguebelle. Il écrivit de là pour se plaindre qu'on ne lui rendait pas les honneurs qui lui étaient dus, pour déclarer qu'il ne reviendrait pas avant qu'on lui eût promis de les lui rendre47. Les Pères Champagnat et Terraillon, sur l'ordre de l'archevêché, lui défendirent de reparaître à l'Hermitage.

M. Courveille


[35] Pour compléter la physionomie de cet homme, nous croyons devoir insérer ici les résultats des recherches qu'en a faites le R.P. Detours déjà cité. Nous copions textuellement: "Le rôle qu'a joué M. Courveille dans la fondation de la Société de Marie exige, qu'on connaisse ce qu'était ce personnage.
[36] Jean-Claude Courveille naquit à Usson en 1787, d'une respectable famille. Son oncle maternel, M. l'abbé Beigneux, curé d'Apinac, laissa d'excellents souvenirs. Probablement, M. Courveille reçut de lui, pendant la révolution, l'instruction primaire et une partie de l'instruction secondaire. Il resta au séminaire de Verrières ou comme élève ou comme professeur. Sa mère vint le voir dans cette localité. Elle y mourut presque subitement. Dans l'année scolaire 1815-1816, M. Courveille était au grand séminaire de Lyon où il avait pour condisciples les deux PP. Colin, le P. Champagnat et les autres séminaristes qui avaient projeté la Société de Marie. Il était le plus âgé d'entre eux. Il les dominait par son caractère ardent et sa parole facile. Il rivalisait de piété et de zèle avec ses condisciples et ce fut lui, le premier, qui donna l'idée de la Société de Marie. Il aurait avoué avoir vu cette Société en vision, mais qu'il n'en ferait pas partie. C'est le P. Colin, cadet, qui raconta ensuite ces détails aux premiers membres de la Société de Marie. Selon ses parents, M. Courveille aurait été ordonné prêtre au Puy. Il aurait même prêché avec succès dans cette ville. Quoiqu'il en soit, de 1817 à 1825, il fut vicaire à Rive-de-Gier ou curé à Epercieux, près de Feurs. Dans ces deux localités il était en correspondance avec les premiers fondateurs de la Société de Marie, surtout avec le P. Colin (cadet) et le P. Champagnat. La première maison des Frères à Lavalla fut achetée par le P. Champagnat et M. Courveille.
[37] Pendant qu'il était vicaire à Rive-de-Gier, M. Courveille décida plusieurs demoiselles de bonnes familles à fonder une communauté appelée Société de Marie. M. le curé s'y opposa et conseilla à ces personnes de choisir un ordre religieux déjà établi. Celles qui suivirent son conseil furent les fondatrices du couvent des Ursulines de Rive-de-Gier. Quant aux autres, elles allèrent s'établir à Saint-Clair-du-Rhône. Elles prirent le nom de Soeurs de Marie, elles faisaient la classe aux enfants de cette localité, dans une maison qu'elles avaient achetée. M. Piatton, né à Saint-Clair qui, enfant, avait fréquenté leur école, raconte qu'elles pouvaient être 5 ou 6. Parmi elles se trouvaient deux demoiselles Brun, filles d'un notaire de Rive-de-Gier. Ce fut vers 1827 qu'elles allèrent s'établir à l'abbaye de Saint-Antoine. M. Courveille avait acheté cette vaste abbaye. Les religieuses payèrent avec leur dot la partie des bâtiments qu'elles habitent encore. On prétend que le P. Colin ou le P. Champagnat avaient visité, avec M. Courveille, cette abbaye dans l'intention d'en faire la maison-mère de la Société des Pères. Ces religieuses furent longtemps en grande correspondance avec M. Courveille. A la mort de Soeur Philomène, une des plus anciennes, on détruisit un grand nombre de lettres de cette correspondance.
[38] Lorsque l'Hermitage fut habitable, en 1825, M. Courveille vint s'y fixer. Il s'y était retenu un appartement, il aidait le P. Champagnat et le remplaça auprès des Frères pendant sa maladie. Il tenait à ce que les Frères le regardassent comme leur supérieur, mais le P. Champagnat, étant rétabli, les Frères s'empressèrent de se remettre sous sa direction. M. Courveille en fut froissé. Il demanda que les Frères, dans un vote secret, désignassent lequel ils voulaient. Dans les deux tours de scrutin qui eurent lieu, le P. Champagnat fut désigné à l'unanimité.
[39] Cet échec et un oubli scandaleux portèrent M. Courveille à se rendre à la trappe d'Aiguebelle. Après y être resté quelque temps, il se retira à l'abbaye de Saint-Antoine qu'il avait achetée. Il y réunit 12 à 15 jeunes gens pour en faire des religieux à côté des Soeurs. Ces jeunes gens appartenaient à de bonnes familles en général. Deux ou trois Frères avaient abandonné le Père Champagnat pour passer dans cette nouvelle communauté. Le F. Dominique était de ce nombre, mais il ne tarda pas à comprendre sa faute, il rentra à l'Hermitage. M. Courveille était souvent absent. Ces jeunes gens, abandonnés à eux-mêmes, se découragèrent bientôt et se retirèrent.
[40] M. Courveille comptait sur le testament qu'une riche dame avait fait en sa faveur pour payer l'abbaye. Les héritiers directs de cette dame réussirent à faire casser ce testament. Se voyant alors sans ressources, M. Courveille quitta Saint-Antoine brusquement, sans faire connaître le lieu de sa retraite. De 1830 à 1832 on le retrouve à Apinac. Il y possédait quelques immeubles. Son oncle, M. le curé Beigneux, le faisait prêcher, mais il ne l'employait pas à d'autres fonctions. Vers 1832, il disparut d'Apinac, sans qu'on eût su où il alla. On croit qu'il fit un voyage en Amérique. En 1836, il entra à Solesmes comme novice. Il y resta 26 ans et il y mourut en bon religieux bénédictin, selon le témoignage du R.P. Abbé de ce couvent."

Solitude du Père Champagnat


[41] La mauvaise conduite de M. Courveille avait découragé M. Terraillon. Il se retira de l'Hermitage et de la Société des prêtres maristes, non encore constituée, malgré tout ce que put lui dire le P. Champagnat lequel put le ramener en 1839. Se trouvant seul prêtre à l'Hermitage, celui-ci écrivit à M. Barou, vicaire général en ces termes:
[42] "Je m'adresse à vous avec beaucoup de confiance, pour vous faire part de mes ennuis et pour vous exposer ma fâcheuse position. Je suis seul comme vous le savez, ce qui donne beaucoup à penser aux personnes mêmes qui affectionnent notre oeuvre et qui l'aide[nt] par leur générosité. Le public qui parle presque toujours sans connaissance de cause, m'impute l'éloignement de MM. Courveille et Terraillon. Tout cela m'afflige sans doute, mais ne me décourage pas, car je m'attendais et je m'attends encore à de plus grandes épreuves. Le Saint nom de Dieu soit béni! J'ai toujours une ferme confiance que Dieu veut cette oeuvre, mais hélas! il veut peut-être d'autres hommes pour l'établir. La trop funeste affaire de celui qui en paraissait être le chef, est un des plus terribles efforts que l'enfer ait jamais inventé pour ruiner une entreprise qu'il prévoyait lui faire tant de mal. Le souvenir seul de cette triste histoire me fait trembler!
[43] En peu de mots voici, M. le vicaire général, ma position. Nous avons actuellement seize établissements qu'il serait absolument nécessaire de visiter, au moins tous les 3 ou 4 mois, afin de s'assurer si tout marche convenablement, si la règle est observée, si les Frères vivent selon l'esprit de leur état, s'ils n'ont pas des rapports dangereux avec le monde, s'ils donnent aux enfants une solide instruction religieuse et s'ils les forment à la piété. Ces visites sont encore indispensables pour s'entendre avec MM. les maires pour ce qui regarde l'administration du temporel des maisons et la perception des rétributions scolaires. Nous avons plus de 2000 enfants dans nos écoles. Il me semble que cela mérite qu'on y fasse attention. Aux vacances nous serons ici plus de 80. Les comptes de la maison, les correspondances, l'économat, les dettes à payer, enfin le soin du temporel et du spirituel, tout tombe sur moi. Voyez s'il est possible d'y suffire.
[44] Je viens, M. le vicaire général, de vous faire connaître ma positon. J'espère que vous me viendrez en aide en me donnant quelqu'un qui aime l'oeuvre des Frères, quelqu'un qui ne demande que le nutritum et le vestitum. M. Séon nous conviendrait parfaitement, parce qu'il affectionne notre maison, parce qu'il a des ressources et qu'il peut nous faire du bien. Je termine en me recommandant à vos prières, car plus que jamais, je comprends la vérité de cet oracle: "Nisi Dominus aedificaverit domum, in vanum laboraverunt qui aedificant eam."
[45] Le pieux Fondateur écrivit aussi à Mgr. l'archevêque dans le même sens mais d'une manière plus explicite48. Il alla ensuite voir M. Barou et lui fit comprendre que M. Séon ferait un grand bien aux Frères et qu'il contribuerait beaucoup à constituer la Société des prêtres maristes dans le diocèse. M. Barou le lui promit et décida Mgr. à le lui donner. Le collège de Saint-Chamond était dirigé par les prêtres du diocèse. M. Brut qui en était principal, devint plus tard curé d'Ampuis et M. Séon était l'un de ses professeurs. Il n'était point encore prêtre mariste, mais il le devint bientôt et fut même un des sujets marquants de cette Société. En attendant il goûta parfaitement l'oeuvre du P. Champagnat et lui fut d'un grand secours pendant plusieurs années.

Engagements des Frères


[46] Les épreuves du bon Père n'étaient pas finies. Aux rudes labeurs de la construction, aux fatigues de ses voyages, aux tracasseries de M. Courveille, aux reproches du vicaire général, à la douloureuse maladie qu'il avait essuyé, à la sortie de Jean-Marie Grangeon, vint s'ajouter celle du F. Etienne (Roumesy), l'un de ses premiers et meilleurs sujets dont le nom ne figure pas dans les registres. Il était formé, habile dans tous les travaux manuels, mais il manquait d'obéissance. Un prêtre qui voulait fonder un orphelinat, le débaucha. F. Etienne le suivit, malgré les sages avis du bon Père. L'entreprise échoua et le pauvre Frère traîna une existence malheureuse49.
[47] Le diable fit croire au F. Louis qu'il procurerait plus de gloire à Dieu en étudiant le latin et en entrant dans le sacerdoce. Le bon Frère était docile, il soumit sa tentation à son supérieur, reçut humblement ses avis, resta dans sa vocation et devint l'un des meilleurs religieux de l'Institut. Le bon Père s'en servit pour fonder plusieurs établissements.
[48] Après la retraite, le pieux Fondateur permit à quelques Frères de faire secrètement les 3 voeux de religion, avant la communion. Plus tard, ces voeux se firent publiquement, mais les jeunes Frères ne les faisaient que pour 3 ans. Plus tard encore ils ne firent que le voeu d'obéissance.
[49] Les Frères Antoine (Couturier), Laurent (Audras), François (Rivat), Stanislas (Fayol), Joseph (Ponset), Paul (Préher), Etienne (Poinard) et Damien (Mercier) firent secrètement les trois voeux comme nous l'avons dit.
[50] Une vieille fille, nommée Gabrielle, vint se fixer à côté de la maison pour avoir soin du linge. Après sa mort, Gabrielle Fayasson, soeur des Frères Siméon et Marcel, la remplaça. Sa mère vint avec elle, mourut ici et fut enterrée dans le cimetière. Sa fille vit encore en 1890: elle survit ainsi à ses deux frères.
[51] Les Frères Jean-Marie (Bonnet), Hippolyte (Remilleux), Jean-Joseph (Chillet) et Jean (Cholleton) prirent le costume bleu pendant cette année.
[52] Depuis 9 ans, le P. Champagnat s'était servi des tailleurs et des cordonniers de Lavalla pour le costume et la chaussure des Frères. Faute de cordonniers, il dut s'en servir encore pour la chaussure, mais il établit dès lors une taillerie à l'Hermitage à l'aide du F. Hippolyte qui savait un peu coudre. Ce Frère devint habile, d'un dévouement et d'une patience à toute épreuve, se fit chérir de tous les Frères et dirigea la taillerie durant 43 ans.

Fondations: Neuville, Mornant


[53] Pendant cette même année, le P. Champagnat fonda les écoles de Neuville, de Mornant et de Saint-Paul-en-Jarret. M. Tripier, excellent chrétien, fit tous les frais à Neuville et remerciait à haute voix de lui permettre d'employer ainsi sa fortune à cette bonne oeuvre. Le C.F. Jean-Baptiste, premier directeur, âgé de 18 ans, en usa sans abuser.
[54] C'est lui qui refusa le tonneau de bon vin que M. Tripier avait fait placer dans la cave. Plus tard, un autre directeur alla demander 200 fr. à M. Tripier lequel, très vif, lui logea son pied quelque part: "Je reçois ceci pour moi répondit le Frère, mais vous me donnez 400 fr. au lieu de 200 que je vous ai demandés pour mon école." M. Tripier donna les 400 fr. sans répliquer un mot. Ce brave homme dépensa toute sa fortune en bonnes oeuvres et ne laissa pas de quoi payer ses funérailles.
[55] Le F. Laurent dirigea d'abord l'école de Mornant. Les Frères étaient très mal logés, les lieux étaient dans la petite classe et la rendait insupportable. Après plusieurs réclamations inutiles, le bon Frère invita les deux autorités à voir l'école. Cinq minutes avant leur entrée, il prit un rateau et brassa le contenu des lieux. Ces MM. entrèrent et furent suffoqués. "Quelle infection! s'écrièrent-ils. - "Nous la supportons, ainsi que nos enfants, tous les jours et pendant toute l'année", répondit le F. Laurent. Les lieux furent placés ailleurs.
[56] Le F. Bernardin, premier directeur à Saint-Paul-en-Jarret, se noya bientôt en se baignant. Il fut remplacé par le F. Louis, puis par le F. Xavier.

Organisation à l'Hermitage


[57] Pour procurer des ressources à la maison-mère, le bon Père y recevait quelques pensionnaires. Il établit aussi un atelier pour les rubans dans l'appartement où la chapelle provisoire avait été placée l'année précédente. Il occupait les Frères et les postulants fatigués ou ne pouvant faire autre chose dans cet atelier. M. Bourdin, Mariste et encore diacre, était dans la maison depuis quelques mois. Après son ordination, il aida le P. Champagnat. Avant sa sortie, à la suite d'une maladie, M. Terraillon était tombé dans une léthargie profonde. Le croyant mort, on l'avait revêtu d'un surplis et d'une étole et on l'avait placé sur un lit de parade, se disposant à l'enterrer le lendemain. Pendant la nuit un rat était venu le mordre à l'oreille et l'avait réveillé au grand ébahissement de toute la maison. Ce bon M. avait une marotte qui devenait souvent pénible à ses pénitents. Il les arrêtait à chaque accusation pour leur demander où ils étaient placés, s'ils faisaient la classe, s'ils étaient directeurs, combien ils avaient d'élèves, comment se nommait le curé de la paroisse, si le F. directeur était méchant, etc.
[58] De 1817 à la fin de 1826, trois Frères seulement moururent: les Frères Jean-Pierre à Boulieu, Pierre Robert50 à l'hôpital de Lyon et Placide (Farat) à Lavalla.
[59] Le pieux Fondateur sentit le besoin d'avoir un cimetière pour la communauté. On en créa un de 5 mètres de côté, joignant la rigole qui conduisait l'eau de la rivière au pré et un peu au-dessous de la naissance de cette rigole. Ce cimetière fut autorisé par M. Chaulieu, préfet de la Loire, lors de sa courtoise visite à l'Hermitage. Le jeune Frère Côme fut le premier enterré dans ce cimetière en 1827. La bénédiction en avait été faite peu auparavant par le pieux Fondateur. M. Bourdin y avait fait un sermon de circonstance. La solitude qui inspire des pensées sérieuses, la rivière qui marque le temps qui s'écoule, le rocher qui par son immobilité représente l'éternité, lui avaient fourni de pieuses et touchantes réflexions.


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