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2.2. Critique pour les oeuvres de Charles Perrault.
Ambassadeur de la culture française, Charles Perrault a tout au long de sa vie
transcrit les contes de tradition populaire. Ils comptent parmi les écrivains de contes
les plus célèbres de contes. Vous avez adoré les Contes de ma mère l’Oye ? Nous
vous faisons découvrir aujourd’hui, la biographie de Charles Perrault.
Charles Perrault est un écrivain français né à Paris le 12 janvier 1628 et mort
dans le même ville le 16 mai 1703. Il appartient au mouvement des Modernes, qui
s’opposait alors aux Anciens. Il reste connu pour ses Contes en prose, publiés en
1697.
Charles Perrault est né le 12 janvier 1628 au sein d’une famille de la
bourgeoisie parlementaire (c’est-à-dire liée au Parlement de Paris, une institution
d’Ancien régime) imprégnée de jansénisme (un mouvement religieux au sein du
catholicisme, combattu par le pape et le pouvoir).
Charles Perrault fait des études au collège de Beauvais puis devient, comme
son père mais sans passion, avocat au barreau de Paris en 1651. Il ne plaide que deux
fois dans sa carrière. Il se détourne de cette voix pour lui préférer une carrière au
sein l’État, lorsqu’il se rapproche de Colbert (1619 – 1683) dont il devient le protégé.
En 1663, Charles Perrault devient secrétaire de la « Petite Académie », la future
Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres. Il et nommé en 1665 contrôleur
général de la surintendance des bâtiments du roi, ce qui lui laisse du temps pour se
consacrer à l’écriture.
La carrière littéraire de Charles Perrault est consacrée lorsqu’il est nommé en
1671 à l’Académie française, fondée en 1635. Il y est reçu le 23 novembre par Jean
Chapelain (1596 – 1674). Porte-parole de Colbert au sein de l’Académie, Charles
Perrault participe à certains changement au sein de l’institution : élection des
académiciens au scrutin, établissement de jetons de présence, etc. L’écrivain
participe en outre à la fondation de l’Académie des Beaux-Arts. Il est aussi l’auteur
de l’Épître dédicatoire de la première édition du Dictionnaire. Marié à Marie
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Guichon, il a 4 enfants. Son frère, Claude Perrault, est l’architecte de la « colonnade
du Louvre » et a aussi contribué aux dessins des plans de l’observatoire de Paris.
La carrière littéraire de Charles Perrault commence dès 1648, lorsqu’il signe
avec deux de ses frères, Nicolas et Claude, un pastiche du VIe livre de L’Énéide,
signe annonciateur de son engagement futur. En effet, Charles Perrault est engagé
dans le camp des Modernes, dont il est le chef de file.[9,56]
Le monde littéraire est alors troublé par une querelle qui oppose deux
groupes : la querelle des Anciens et des Modernes. Les Anciens, représentés par de
grandes plumes comme Boileau (1636 – 1711), La Bruyère (1645 – 1696), La
Fontaine (1621 – 1695) ou Racine (1639 – 1699), pensent que toute création doit
s’efforcer d’imiter les modèles de l’Antiquité. Les Modernes, dirigés par Perrault,
mais dans les rangs desquels on peut aussi trouver Fontenelle (1657 – 1757, neveu
de Pierre Corneille, eclipsé par « l’Ancien » Racine) exaltent les sciences,
l’expérience, les arts nouveaux, etc.
Le 27 janvier 1687, Perrault lit à l’Académie son poème Le siècle de Louis le
Grand. Tout à la gloire de Louis XIV, il y affirme la supériorité du siècle du Roi-
Soleil, décisif pour l’histoire de l’humanité, sur celui de l’empereur romain Auguste
(63 av. J.-C. – 14 ap. J.-C.). La querelle des Anciens et des Modernes est lancée.
Linéaments de la querelle à venir, Charles Perrault avait déjà défendu Alceste
(Critique de l’opéra ou Examen de la tragédie intitulée Alceste ou le Triomphe
d’Alcide), opéra de Philippe Quinault (1635 – 1688). Racine lui répond dans la
préface d’Iphigénie (1675). En 1686, Perrault avait présenté Saint Paulin, poème
épique qui met en avant le merveilleux chrétien opposé au merveilleux païen. En
1688, Fontenelle est battu par Jean de La Chapelle, un membre des Anciens, pour
l’entrée à l’Académie. Dans son Épître pour le génie, Perrault fait l’éloge du candidat
malheureux et de son oncle Corneille.
Néanmoins, l’oeuvre la plus notable de Perrault est son Parallèle des Anciens
et des Modernes, publiée entre 1688 et 1697. Ce parallèle se présente sous la forme
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de 5 dialogues, emprunts d’humour, entre l’Abbé (le porte-parole de Perrault), le
Chevalier, un moderne exalté, et le Président, représentant des Anciens.
Perrault essaie d’y démontrer la supériorité des Modernes sur les Anciens dans
tous les arts : littérature, astronomie, guerre, géographie, navigation, etc. Cette
oeuvre s’inscrit dans la rivalité de son auteur avec Boileau. Quand le dernier fait la
satire des femmes (Satire X), largement acquises aux Modernes, Perrault vient les
défendre dans son Apologie des Femmes (1694). Il écrit en outre en 1695 une Ode
au Roi qui s’oppose à l’Ode sur la prise de Namur, présentée en 1693 par Boileau.
Les deux lettrés finissent néanmoins par se réconcilier officiellement à l’Académie
le 4 août 1694, partageant une même inclination pour le jansénisme.
Le souvenir de Charles Perrault comme théoricien est aujourd’hui éclipsé dans
la mémoire collective par sa qualité d’auteur de ses célèbres contes, entrés dans le
folklore français. Charles Perrault publie d’abord des Contes en vers en 1694 dans
lesquels on trouve : La Marquise de Salusses ou la Patience de Griselidis Les
Souhaits ridicules Peau d’âne Une préface figure en tête de ces contes dans laquelle
Charles Perrault affirme leur supériorité morale sur les contes des Anciens.
Les contes en proses de Perrault, plus célèbres, sont publiés en 1697. Les
Histoires ou contes du temps passé avec des moralités (ou Conte de ma mère l’Oye,
titre en frontispice) sont constitués de 8 contes, publiés sous le nom de son fils. Il
affirme qu’un enfant aurait composé ces contes, dédiés alors à Mademoiselle, la fille
de Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV. L’ouvrage rencontre un grand succès. Il
comporte : La Belle au bois dormant Le Petit Chaperon rouge La Barbe bleue Le
Chat botté Les Fées Cendrillon Riquet à la houppe Le Petit Poucet
Les Contes de la mère de l’Oye est une oeuvre moderne dans la mesure où ils
empruntent leur matière non pas aux histoires héritées de l’Antiquité, mais à un fond
culturel moderne, c’est-à-dire contemporain, populaire et oral. Pour la première fois,
un auteur de renom s’inspire de la tradition populaire, celles des contes racontés lors
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des veillées villageoises ou des réunions familiales. Ces histoires émanent de
l’imaginaire médiéval et chevaleresque, ou de la Renaissance italienne.
Ces contes appartiennent au classicisme par leur formalité, leur visée morale
(comme l’indique le titre de l’ouvrage) et donc leur fonction éducative à l’adresse
des enfants. On trouve en effet à la fin de chaque conte une ou deux moralités en
vers, semblables à celles des Fables de la Fontaine
Ils sont baroques par le registre merveilleux (manifesté par l’intervention de
personnages et d’objets surnaturels dans le récit). Le merveilleux assure un certain
pouvoir de séduction aux contes, par la présence fascinante d’ogres, de fées,
d’animaux capables de parler, etc.
Les Contes permettent l’instruction des enfants tout en captant leur attention
par le merveilleux. Mais ils ne s’adressent pas uniquement à un public d’enfants. Le
public adulte pouvait voir dans ces histoires de nombreuses références à l’actualité
politique et littéraire de son temps. Ils abordent de grandes problématiques de la
société d’Ancien régime, et des questions plus générales sur la condition humaine :
la pauvreté des parents qui abandonnent leurs enfants pendant une famine, la
domination seigneuriale, l’ascension sociale possible grâce au talent et à la ruse (Le
Chat botté), l’attrait pour la mort.[10,97]
La manière dont le Public a reçu les Pièces de ce Recueil, à mesure qu’elles
lui ont été données séparément, est une espèce d’assurance qu’elles ne lui déplairont
pas en paraissant toutes ensemble. Il est vrai que quelques personnes qui affectent
de paraître graves, et qui ont assez d’esprit pour voir que ce sont des Contes faits à
plaisir, et que la matière n’en est pas fort importante, les ont regardées avec mépris;
mais on a eu la satisfaction de voir que les gens de bon goût n’en ont pas jugé de la
sorte. Ils ont été bien aises de remarquer que ces bagatelles n’étaient pas de pures
bagatelles, qu’elles renfermaient une morale utile, et que le récit enjoué dont elles
étaient enveloppées n’avait été choisi que pour les faire entrer plus agréablement
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dans l’esprit et d’une manière qui instruisît et divertît tout ensemble. Cela devrait
me suffire pour ne pas craindre le reproche de m’être amusé à des choses frivoles.
Charles Perrault fait du conte un véritable genre littéraire. La richesse de sens
de ces contes suscite encore des lectures multiples, dont la plus célèbre est celle du
psychologue américain Bruno Bettelheim (1903 – 1990), faite dans une perspective
psychanalytique, dans Psychanalyse des contes de fées.
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