Presentation



Download 1,75 Mb.
bet53/79
Sana07.04.2017
Hajmi1,75 Mb.
#6171
1   ...   49   50   51   52   53   54   55   56   ...   79

1867




Affaires administratives


[1] Un Frère dont le nom importe peu, dirigeant provisoirement la maison de Saint-Genis-Terrenoire, eut des difficultés avec le chef de la gare de Saint-Etienne, probablement à cause d'une obédience mal garnie. De retour chez lui, il écrivit une lettre insolente à cet employé. Celui-ci la transmit à Paris. En ayant eu vent, le Révérend adressa au directeur général de la Compagnie une lettre dont voici le sens:
[2] Copie d'une lettre indigne, adressée par l'un de nos Frères au chef de la gare de Saint-Etienne, vient de me tomber entre les mains. Je la désavoue absolument et je proteste contre son contenu. Nous n'avons toujours eu qu'à nous féliciter et de la faveur que la compagnie nous a accordée et des employés dans les divers services. Je vous prie, Messieurs, d'agréer mes excuses pour la faute commise par le directeur provisoire de notre maison de Saint-Genis-Terrenoire, lequel a déjà été rappelé à l'ordre et va être remplacé de suite.
[3] Le R.P. Jullien sachant que l'on avait donné des Frères pour le français du collège de Saint-Etienne, en demanda pour celui de Montgré dont il était supérieur. Le Révérend lui exprima ses grands regrets de se voir obligé de lui transmettre la réponse négative des membres de son Conseil lequel ne voulait pas engager l'Institut dans cette voie.
[4] Le 15 mars, le Révérend demanda au ministre de l'Instruction publique l'autorisation pour le transfert du siège légal du Régime de l'Institut de l'Hermitage à Saint-Genis-Laval. Une note contenant les motifs à l'appui et une délibération du Conseil du Révérend furent jointes à sa demande laquelle eut un plein succès.
[5] Nous avons dit que le Révérend avait promis au cardinal de Bonald de remplacer au plus tôt le F. Chrysolle à la Grand-Croix. Les municipaux se mutinèrent à mesure que M. le curé s'entêtait. L'existence de l'établissement allait se trouver en jeu. Il fallut des visites du F. Visiteur, du C.F. Assistant et une dizaine de lettres bien motivées du R. Frère ainsi qu'une au Préfet, pour mettre fin à ces tiraillements, pour enlever le F. Chrysolle et conserver le poste.

La Providence Caille


[6] La Providence Caille avait d'abord employé des laïques pour diriger les enfants dans les divers ateliers, mais leur présence et leur conduite dans la maison rendirent leur renvoi indispensable. Ce renvoi choqua certains membres du conseil d'administration lequel était composé de curés et de laïques et présidé par M. le curé de Saint-Jean.
[7] Sous prétexte que les Frères remplacèrent mal les laïques, à l'instigation du conseiller Fichet, le conseil demanda des Soeurs de Saint-Vincent-de-Paul pour remplacer nos frères. Elles furent promises de but en blanc.
[8] A cette nouvelle le Révérend adressa une longue lettre à leur Supérieur. Nous l'analyserons ainsi: la demande qui vous a été faite pour la Providence Caille et la promesse que vous avez donnée, me surprennent d'autant plus que tout s'est fait à notre insu, que nous n'avons reçu aucune plainte, que les membres les plus influents du conseil d'administration, ainsi que le testament que l'abbé Caille, fondateur de cette Providence que nos Frères dirigent depuis 25 ans, sont formellement opposés à cette mesure. On calomnie nos Frères lorsqu'on prétend qu'ils sont insuffisants et qu'ils n'obtiennent que des résultats insignifiants. J'espère que, mieux renseigné, M. le Supérieur, vous retirerez votre promesse, etc...
[9] Le Supérieur répondit qu'il s'en remettait à la décision du cardinal de Bonald. Notre Révérend écrivit donc à Son Eminence qu'Elle avait confiée elle-même cette Providence à nos Frères en 1843, que la suppression de cette maison nuirait aux autres Providences, que les meneurs calomniaient les Frères, que les enfants de cette Providence avaient de bonnes places dans les concours de catéchisme à Saint-Just.
[10] Le Révérend ajoutait: "Un de mes Assistants, sans avertir ni maîtres ni élèves, est allé faire subir un examen oral et écrit aux enfants. Les résultats sont satisfaisants. Je les montrerai à Votre Eminence. Quant à l'accusation qu'il n'est sorti aucun sujet capable de cette maison, je produirai une liste de 41 jeunes gens qui ont été placés et qui réussissent bien dans le commerce, dans l'industrie, dans les divers ateliers ou fabriques de la ville...
[11] ...La maison a [besoin] de fortes réparations. Ses ressources sont faibles et le F. directeur s'en tire néanmoins avec honneur. Deux membres anciens de l'administration en sont fort étonnés..."
[12] MM. Servant, curé de Saint-Georges, Fichet, secrétaire, Lucien Brun, Valadier, curé de Saint-Irénée, Pupier, curé à Saint-Paul, Guillot, curé de Saint-Just, Saint-Olive, Goutard, curé de Saint-Jean et président adressèrent une supplique au cardinal dans laquelle ils reproduisaient les accusations mentionnées ci-dessus et prétendaient que le testament de l'abbé Caille était violé.
[13] Le cardinal ne se laissa pas surprendre et tint le Révérend au courant de tout ce qui se tramait. De plus, il réunit les membres de l'administration et invita le Révérend à cette réunion. Le Révérend s'y rendit avec le C.F. Euthyme. MM. Fichet et Lucien Brun produisirent chaleureusement les prétendus griefs de l'administration.
[14] Après eux, le Révérend réfuta plus chaleureusement encore leurs plaintes et leurs accusations. Tous les membres présents en parurent abasourdis. L'un d'eux s'étonna de la présence du Révérend dans cette réunion. Le Révérend pria alors Son Eminence de lui permettre de se retirer avec son compagnon.
[15] "Non, non, répondit le cardinal, vous vous défendez trop bien. Je suis bien aise de déclarer à ces Messieurs devant vous que je m'oppose au remplacement de vos Frères par les Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul. Je m'entendrai pour cela avec le Sénateur, Préfet du Rhône, que cette affaire regarde aussi."
[16] Le Révérend rédigea ensuite un mémoire, beaucoup trop long pour être inséré ici, et il l'adressa à Son Eminence et au Sénateur, Préfet du Rhône.
[17] Nous en plaçons ici une courte analyse:

Il remerciait d'abord, M. le Sénateur d'avoir bien voulu lui communiquer toutes les pièces mises en avant par les partisans de la transformation. Il remarquait finement que MM. Marduel, Berthet, Garcin et M. le curé de Vaise en minorité dans le comité étaient les membres les plus anciens de l'administration et ceux qui s'étaient le plus occupé de la Providence.


[18] Le R. Frère prouvait ensuite l'inexactitude des faits allégués par les partisans des Sœurs. Il remarquait que ses contradicteurs avouaient eux-mêmes la plus-value donnée à l'enclos sous la direction des Frères.
[19] "Depuis 2 ans, disait-il, les administrateurs n'ont point paru à la maison. Ils ont refusé l'admission de nouveaux orphelins et proscrit les pensionnaires qui procuraient quelques ressources. Ils ont supprimé les encouragements, même les récompenses promises par le testament de M. Caille. Néanmoins, la maison a été tenue aussi bien qu'auparavant, les enfants ont [été] primé dans les catéchismes de la paroisse et je puis fournir la preuve que la Providence a aussi bien marché que celles du Chemin-Neuf et de Saint-Nizier, pour lesquelles nous ne recevons que des éloges..."
[20] Le Révérend prouvait longuement et clairement que le projet de ses contradicteurs était absolument contraire au testament de M. Caille. Il prouvait encore que ledit projet était opposé à tous les principes reçus et appliqués dans l'éducation des garçons, surtout des apprentis de 6 à 18 ans.
[21] Le Révérend posait ensuite ces questions majeures à ses adversaires:

"Trouverait-on beaucoup de familles qui voulussent confier leurs garçons aux Sœurs pour faire leur éducation morale et leur instruction scientifique?

— Les Sœurs sont-elles plus aptes à donner l'enseignement primaire que les Frères obligés d'avoir un brevet pour cet enseignement?

— Le public serait-il bien édifié en voyant des Sœurs surveiller des garçons de 6 à 18 ans dans les promenades, les récréations et même à l'église; en apprenant que ces bonnes Sœurs ont les yeux braqués sur les mêmes garçons dans les dortoirs pendant le coucher et le lever?

— La pudeur de ces religieuses s'accommoderait-elle bien de cette surveillance?

— Dans les récréations, les Sœurs joueraient-elles aux barres, à la paume, à cache-cache avec leurs élèves pour mettre de l'entrain dans ces jeux?

— Apprendront-elles à leurs élèves le métier de cordonnier, de tisseur, de passementier, d'agriculteur, d'arboriculteur, ou bien leur apprendront-elles à coudre, à broder, à tricoter, à laver et à repasser le linge?..."
[22] Le Révérend résumait ainsi son mémoire:

"Pour nous, après tout ce qui vient d'être dit, il nous semble que changer le régime interne de la maison,

1— au point de renvoyer les Frères pour appeler les Sœurs;

2— au point d'en faire une salle d'asile au lieu d'en faire une maison d'apprentis en recevant des enfants de 4 à 6 ans;

3— au point de garder les enfants jusqu'à 12 ans révolus sans les exercer à un travail sérieux, à un métier réel, comme l'a voulu le fondateur;

4— au point encore de renverser toutes les idées reçues et la pratique établie pour l'éducation des garçons, il nous semble, dis-je, qu'un changement si radical dans la composition et la direction de la Providence n'est pas un acte de pure administration, mais comme une nouvelle fondation, toute différente à celle que M. Caille a voulue et qu'il a créée par son testament en date du 15 septembre 1840."


[23] En se faisant passer ce mémoire, les principaux employés de la préfecture s'entre-disaient: "Enfoncés les curés de Lyon! Ils sont battus par un petit Frère! Voilà qui est supérieurement tapé!"
[24] Les adversaires en furent ahuris et la plupart donnèrent leur démission. Le conseil d'administration fut reconstitué. Les curés de Lyon n'étaient pas fiers. Le Révérend n'était pas en odeur de sainteté parmi eux et parmi plusieurs curés de leurs amis dans le diocèse.
[25] Depuis lors la Providence a pu, sans encombre, aller en prospérant.

Circulaires du 09-02, 19-07-1867


[26] La première circulaire de 1867 fut une instruction aux Frères directeurs sur la formation de leurs inférieurs et sur l'esprit religieux.
[27] Un des Assistants avait rédigé un rapport très long, très compliqué, pour les Frères Visiteurs. Il comprenait trois pages serrées, grand-format. Le grand désir qu'avait le Révérend de tout perfectionner, lui faisait facilement admettre ce qui était nouveau. Il fit donc imprimer ce rapport et l'envoya à tous les établissements, dans sa circulaire. Trois ans après, on dut l'abréger de moitié.
[28] La même circulaire annonça les Principes de chant du F. Marie-Jubin et le Révérend consacra trois pages pour expliquer aux Frères l'importance qu'ils devaient attacher au chant et avec quel soin ils devaient y former leurs élèves. Il leur répéta encore que les constructions étaient terminées à la maison-mère, mais que les dettes étaient énormes. Il demanda une avance de 100 fr. dans les externats, de 300 fr. dans les pensionnats et l'acquittement intégral et anticipé des fournitures classiques.
[29] Ce fut par cette même circulaire que, à propos du départ des Frères pour le Cap, il établit les 6 invocations qui se font encore après les prières du matin et de soir, ainsi que l'Ave Maris Stella, à la visite, dans les maisons de noviciat, pendant les voyages des Frères au-delà des mers.
[30] Dans la circulaire du 16 juillet, le Révérend parlait du C.F. Pascal, mort un mois auparavant. Il annonça que des prières, des vœux et des pèlerinages avaient été faits à Fourvière, à N.-D. du Puy, de Valfleury et des Victoires à Paris pour obtenir la guérison du cher malade. Des Frères s'étaient offerts comme victimes pour la prolongation de ses jours, mais le pieux Fondateur l'avait appelé auprès de lui. Le Révérend recommandait aux Frères d'envoyer des lettres, des résumés, des instructions et tout ce qu'ils sauraient d'édifiant du cher défunt, afin que le C.F. Jean-Baptiste pût s'en servir dans sa biographie. La mort de cet excellent Frère exigeait la réunion d'un Chapitre pour lui donner un successeur.
[31] La même circulaire ordonnait donc des élections et prescrivait de se conformer exactement aux Constitutions. Ce Chapitre devait être élu pour 16 mois et tenir deux sessions: la 1re pour les élections et la 2e [pour] préparer la réimpression des Constitutions.
[32] La circulaire fixait ensuite l'époque des diverses retraites, celle du Régime, du 14 au 21 juillet et se terminant par les avis ordinaires.

Ve Chapitre général


[33] Le Chapitre annoncé commença le 28 octobre. Voici les noms des capitulants dans l'ordre de leur élection:
[34] Pour le Centre: les Frères Euthyme, Avit, Chrysogone, Louis-Bernardin, Nicet, Placide, Marie-Jubin, Abel, Callinique, Ignace, Marie-Lin, Epaphras, Cittinus, Marie-Clarent, Cyron, Claude.
[35] Pour le Midi: les Frères Félicité, Jean-Marie, Malachie, Ladislas, Onésiphore, Juvénal, Cariton, Victor, Ambroise, Louis-Régis, Augustus, Benoît-Marie, Ildefonse.
[36] Pour le Nord: les Frères Aidant, Andronic, Abrosime, Aquilas.
[37] Les deux sessions de ce Chapitre furent tenues au premier étage du pavillon sud-ouest.
[38] Les deux secrétaires des six sessions précédentes prièrent l'assemblée de ne pas les réélire. Cette charge leur avait pris la plupart de leurs récréations et ne leur avait pas laissé assez de temps pour étudier les questions qui avaient été traitées. Le Chapitre fit droit à leur demande, il nomma les Frères Placide et Marie-Jubin pour les fonctions de secrétaires. Les deux scrutateurs furent conservés.
[39] Les nouveaux secrétaires montrèrent bientôt qu'ils subissaient avec peine que leurs procès-verbaux fussent corrigés comme l'avaient été ceux de leurs devanciers, avant d'être lus en séance générale. Cette peine provoqua même un regrettable incident qui fut pénible à tous.

Circulaire du 08-12-1867


[40] La circulaire du 8 décembre proclama les résultats de cette 1re session, savoir: l'élection à l'unanimité du C.F. Euthyme pour la Province de l'Hermitage en remplacement du regretté F. Pascal et, à une grande majorité, celle du C.F. Félicité pour soulager le C.F. Jean-Baptiste.
[41] Ce C. Frère ne voulait point de ce soulagement et il refusa constamment de s'en servir. Il nous enjoignit même de ne nous entendre qu'avec lui, comme dans le passé, ce qui nous mit dans une situation délicate avec le nouvel élu.
[42] Celui-ci fut chargé du secrétariat général en remplacement du C.F. Euthyme et eut le F. Juste pour 1er aide.
[43] La même circulaire du 8 décembre annonça aux Frères que les Biographies de plusieurs Frères décédés, écrites par l'infatigable F. Jean-Baptise étaient à l'impression et qu'ils pourraient se les procurer dans le courant de l'année scolaire.

Conception des biographies


[44] Puisque l'occasion se présente, nous plaçons ici une anecdote qui nous est personnelle. Lorsque nous étions dans la maison, nous passions presque toutes nos récréations à causer avec le C.F. Jean-Baptiste. Il nous dit un jour: "Gros garçon, dépêchez-vous à mourir, afin que j'écrive votre biographie. - Elle serait peu flatteuse, répondîmes-nous et je ne suis pas si pressé. - On ne met que ce qui est bien dans les biographies, ajouta-t-il. - Dans ce cas, lui fut-il répliqué, la mienne serait trop courte et il ne vaudrait pas la peine de vous en occuper.
[45] Au reste, je ne blâme pas votre manière d'agir, mais je pense que les biographies ne seraient pas moins attrayantes, ni moins profitables, si les travers, les défauts de ceux qui en sont l'objet y étaient relatés. Cela prouverait les efforts qu'ils ont dû faire, les durs sacrifices qu'ils se sont imposés pour se sanctifier, ainsi que les secours qu'ils ont reçus d'En- Haut."
[46] La conversation se termina là, mais nos idées n'ont pas changé depuis.

Demandes de fondations refusées


[47] Un des vicaires généraux de Digne demandait des Frères pour un établissement d'enseignement secondaire. On lui fit la réponse ordinaire à ces sortes de demandes.
[48] Le R.P. Touche, Jésuite, à Lalouvesc, en demandait aussi pour deux de leurs collèges, vers le même temps. Il reçut aussi une réponse bien tournée, mais négative.
[49] M. de la Vaissière, Lazariste, demandait des Frères pour plusieurs écoles en Amérique. On dut les lui refuser faute de sujets préparés.
[50] Vers le même temps, on dut donner aussi un refus aux Pères Basiliens de Feyzins qui demandaient des Frères pour les travaux manuels de leurs enclos.

Appréciation de la maison de Saint-Genis


[51] Trois côtés du quadrilatère de la maison-mère, ainsi que la chapelle avaient pu être terminés sans accident sérieux. C'était d'autant plus heureux, nous pourrions dire plus providentiel, que la grande élévation de la chapelle y prêtait beaucoup. Le proverbe dit que les plus belles médailles ont un revers. Nous pouvons appliquer ce proverbe au beau monument gothique dont nous parlons. Sous le rapport de l'art c'est un chef d'œuvre, mais il est froid, même glacial dans les mauvais jours de l'hiver. On n'avait pas eu le temps d'y placer des calorifères avant l'hiver de 1867. Aussi fut-on forcé de l'abandonner dès les premiers jours de janvier et d'assister aux offices, aux visites, aux chemins de croix et à tous les exercices publics de la religion dans la partie sud de l'aile de l'ouest où les deux retraites avaient eu lieu en 1865. On y passa tout l'hiver.

Autocratie de Fr. Louis-Marie


[52] Dans les loisirs que nous laissaient nos courses incessantes, nous avions écrit un grand nombre de drames, de fables, de dialogues, de morceaux comiques pour être chantés ou débités dans les distributions de prix. Comme nos Frères étaient souvent embarrassés pour trouver des pièces convenables et que, faute de mieux, ils faisaient souvent jouer, débiter ou chanter des choses plus ou moins répréhensibles, le C.F. Jean-Baptiste nous pressait de faire imprimer ce que nous avions écrit.
[53] Il savait, comme nous, que le Révérend ne laissait rien aller à l'impression qu'il ne l'eut écrit lui-même ou au moins retouché, mais il nous excitait à tenter l'aventure. Nous le fîmes. Le Révérend déclara qu'il voulait lire et retoucher nos écrits auparavant. "Pendant que les productions littéraires d'un religieux restent manuscrites, elles lui appartiennent répondîmes-nous. Si vous retouchez nos drames, nos dialogues, etc., vous ferez disparaître l'originalité qui en fait le principal mérite. Votre style est fort supérieur au mien, mais il est trop sérieux pour les élèves de nos écoles et pour les auditeurs qui les honorent de leur présence. - Dans ce cas, répliqua le Révérend, vous pouvez garder vos écrits."
[54] Nous les gardâmes, nous les avons encore, mais les Frères continueront de faire jouer des pièces, débiter ou chanter des morceaux plus ou moins louches: ils continuent toujours.
[55] Cette persuasion où était le R.F. Louis-Marie que lui seul, dans l'Institut, était assez capable pour faire gémir la presse, a nui aux finances de la Congrégation, en retardant la publication de nos classiques qu'il voulait écrire lui-même et qu'il renvoyait d'une année à l'autre faute de temps. Ses successeurs ont suivi une autre marche et ils ont bien fait.

Rapports avec le clergé


[56] M. le curé Chavallard mourut en 1867 et fut remplacé par M. l'abbé Rival qui venait de Brignais et qui s'occupa peu de notre maison. Il aurait pu dire comme le curé d'Arfeuilles possédant le noviciat provisoire de Bourbonnais: "Vous avez votre aumônier, votre chapelle et tous vos exercices religieux chez vous, je ne vous considère donc pas comme mes paroissiens."
[57] Les 2 retraites de Saint-Genis furent prêchées par le R.P. Reculon, Mariste, et par le R.P. Touche, Jésuite. La réconciliation était à peu près faite. Les Pères Deveize et Carré avaient été blâmés par leur supérieur et des mesures avaient été prises pour éviter à l'avenir ce dont nos supérieurs avaient eu à se plaindre dans le passé.
[58] L'archevêché plaça donc M. Santailler à Saint-Bonnet-le-Troncy à la fin d'octobre. Le R.P. Matricon reprit son ancien rôle et le P. Rouleau fut adjoint au P. de Lalande. Du reste ils faisaient à peu près tout le travail à eux deux. Le R.P. Matricon disait sa trop longue messe seul avec son servant dans un petit oratoire. Il confessait peu et ne prêchait plus, mais il veillait à ce que les rapports des Pères avec les Frères fussent toujours très convenables.

Engagements et persévérance


[59] En 1867, 3 vêtures à Saint-Genis, 2 à Saint-Paul, 2 à La Bégude, 2 à Beaucamps et une à Hautefort métamorphosèrent 190 postulants en novices. Pas n'est besoin de dire qu'il y eut ensuite de non valeurs, ce serait à répéter chaque année. Ces vêtures furent prêchées et présidées par des Pères Maristes, des Jésuites ou des Curés.
[60] Il y eut 79 profès, savoir: les Frères Agapit, Agrécius, André-Dotti, Auxanus, Bénin, Callixte, Césidius, futur Visiteur du Canada, Des Anges, Angelmer, François-de-Borgia, François-Joseph, Ignatius, futur Visiteur, Lévy, Magnéric (le peintre), Marie-Vitalique, Rufus, Samuel, Sauveur, Séverin, Spérat-Joseph, Surius, Valéry, Acyndinus, Albertus, Angélus, Athanase, Faustinus, François-d'Assise, Galmier, Marie-Clémentin, Philibert, Salvy, Stéphanie, Silvérius, Thadée, Théotique, Vulpien, Troade, Amasius, Angelo, fondateur et premier défunt de la Colombie, Eolde, Eulogius, Euphronius, Gauzelin, Gonzalès, Irénion, Jérémie, Landolf, Lucillien, Philologue, Pierre-Célestin, Ptolomée, Prudence, Rhétice, Sigebert, Second, Sigismond, Calanique, Cottide, Eventius, Rédemptus, Richard, Sévérino, Basiliani, Fabiani, Ferrier-Joseph, Fursy, Géronce, Gratien, Loetus, Marie-Audifax, Maximus, Métellus, Nil, Silvério, Spérat, James, Jarlath et Peter-Ignatius.
[61] Comme les précédentes, les 3 derniers avaient fait leur profession à Glasgow.
[62] Premier directeur de Vic-le-Comte, le F. François-de-Borgia s'y appliqua surtout à se faire une renommée, une popularité. Il y parvint pour son malheur. Il achalanda assez bien cette maison qu'il se plaisait à appeler ma maison, mais la superbe s'implanta dans son cerveau. Il n'eut des yeux et un cœur que pour ses élèves et bientôt pour le dehors. Son remplacement était devenu indispensable, il ne put le supporter. Il est aujourd'hui en famille, et tient piteusement l'école libre de Santenoy d'où nos Frères furent retirés en 1878 étant dans des conditions trop défavorables.
[63] Les six Frères dont les noms vont suivre se stabilisèrent: Frères Cyrion, Norbert, futur Assistant, Candide, Marie-Arsace, Donat et Druon, futur vicaire provincial.

Nos défunts


[64] La mort nous ravit 25 sujets cette année-là, savoir: Soulier Jean, postulant; les Frères Marie-Odulphe, Vérule et Marie-Spiridion, novices; les Frères Marie-Honoré, Ulpien, Autal, Marie-Josué, Anecte, Claudien et Arcontius, obéissants; les Frères Marie-Victoric, Caïus, Amandus, Congall, Ethelvode, Vulsin, Epipode, Etienne, Alpinien, Magnus, Lin et Héraclée, profès; le F. Ribier, stable et le F. Pascal, Assistant.
[65] On peut lire les longues et belles biographies des Frères Ribier et Pascal.
[66] Nous avons plusieurs fois dit déjà notre pensée sur le F. Etienne, né Poinard, de la naïveté duquel ses condisciples se jouèrent pendant ses études latines à Annonay. Au risque de nous répéter, nous plaçons ici un trait qui lui fait honneur.
[67] Directeur à Bougé en 1844 où il fut volé par un filou, il faisait en même temps la petite classe et la cuisine. Comme nous, dans la première classe, il n'eut qu'un élève dans la sienne pendant 3 mois d'été. Après les leçons et la correction des devoirs de notre unique élève, nous nous occupions à autre chose. Le F. Etienne, lui, s'occupait tout le jour avec le sien. L'élève faisait la prière et le professeur y répondait. Celui-ci faisait ensuite la correction et employait tout le temps marqué pour le catéchisme et la lecture, l'enfant n'écrivant pas encore. Il poussait la régularité jusqu'à porter le signal à l'oreille pour inviter l'enfant à parler moins haut ou à la bouche pour lui dire de parler moins bas, selon l'usage de ce temps-là.
[68] On lui donna un panier de châtaignes. Voulant nous ménager une surprise et ne sachant pas les conserver, il consulta un farceur du pays qui l'engagea à placer ses châtaignes dans un vase, mêlées à un sable bien sec et à arroser ensuite le tout chaque jour, ce que fit le brave Frère. L'ayant oublié pendant deux ou trois jours, il trouva le vase couvert de plusieurs centaines de châtaigniers, ce qui l'étonna et nous fit rire. Cette simplicité l'aida sans doute à vivre et à mourir en parfait religieux.

Nouvelles fondations


[69] Huit établissements furent ouverts en 1867: Chatte, Pierre-Bénite, Ribiers, Saint-Loup-de-Marseille, La Bourine, Le Chambon, le Cap-de-Bonne-Espérance et Saint-Chamond (collège).
[70] Ribiers ne dura que 13 ans et le Chambon 15.
[71] La fondation de Pierre-Bénite fut un vrai tripotage. 4 ou 5 membres de l'Administration s'en mêlèrent, excepté l'Assistant et le Visiteur de la Province qui auraient dû seuls s'en occuper. Aussi les trois Frères furent-ils très mal logés: deux appartements, un boyau pour la petite classe, sans cour ni jardin. Les lieux d'aisance étaient publics. Les Frères y rencontraient parfois des femmes ou étaient rencontrés par elles. Le premier directeur se brouilla avec son curé, le fit changer, se défroqua ensuite et prit une veuve à Saint-Genis.
[72] La Bourine faisait alors partie de la commune d'Auriol dont le chef-lieu avait déjà de nos Frères.


Download 1,75 Mb.

Do'stlaringiz bilan baham:
1   ...   49   50   51   52   53   54   55   56   ...   79




Ma'lumotlar bazasi mualliflik huquqi bilan himoyalangan ©hozir.org 2024
ma'muriyatiga murojaat qiling

kiriting | ro'yxatdan o'tish
    Bosh sahifa
юртда тантана
Боғда битган
Бугун юртда
Эшитганлар жилманглар
Эшитмадим деманглар
битган бодомлар
Yangiariq tumani
qitish marakazi
Raqamli texnologiyalar
ilishida muhokamadan
tasdiqqa tavsiya
tavsiya etilgan
iqtisodiyot kafedrasi
steiermarkischen landesregierung
asarlaringizni yuboring
o'zingizning asarlaringizni
Iltimos faqat
faqat o'zingizning
steierm rkischen
landesregierung fachabteilung
rkischen landesregierung
hamshira loyihasi
loyihasi mavsum
faolyatining oqibatlari
asosiy adabiyotlar
fakulteti ahborot
ahborot havfsizligi
havfsizligi kafedrasi
fanidan bo’yicha
fakulteti iqtisodiyot
boshqaruv fakulteti
chiqarishda boshqaruv
ishlab chiqarishda
iqtisodiyot fakultet
multiservis tarmoqlari
fanidan asosiy
Uzbek fanidan
mavzulari potok
asosidagi multiservis
'aliyyil a'ziym
billahil 'aliyyil
illaa billahil
quvvata illaa
falah' deganida
Kompyuter savodxonligi
bo’yicha mustaqil
'alal falah'
Hayya 'alal
'alas soloh
Hayya 'alas
mavsum boyicha


yuklab olish