La vie d’Agrippa d’Aubigné amène deux réflexions
La première concerne les états physiques et moraux de l’auteur tout au long de sa vie. Jeune à Paris, il « voit » sa mère sous la forme d’une silhouette blanche dans sa chambre. Très choqué, il reste alité avec une forte fièvre pendant quinze jours. Au siège d’Orléans, il échappe miraculeusement de la peste gardant quelques signes au front. Ses premières armes passionnées, violentes et cruelles en Vendée lui causent une grave crise morale, le remords est tel qu’il en est fortement affecté, délirant plusieurs jours. Quelques années après, attaqué avant d’arriver au château de Talcy, il reste dans le coma plusieurs jours. Des combats le laissent pratiquement pour mort et pourtant il se relève. C’est dire qu’Agrippa d’Aubigné est une force hors du commun et que cela n’est pas sans conséquences sur ses œuvres, notamment les Tragiques.
La seconde réflexion complète la première. Point de philosophie au XVIème siècle concernant le partage des pouvoirs analysé par Montesquieu et où la justice serait indépendante du politique. Dans l’Esprit des Lois publié en 1758 le philosophe traite, deux cents ans plus tard par rapport aux guerres de religion du XVIème siècle, dans le livre XXIV « Des lois dans le rapport qu'elles ont avec la religion établie dans chaque pays, considérée dans ses pratiques et en elle-même » et dans le livre XXV « Des lois dans le rapport qu'elles ont avec l'établissement de la religion de chaque pays et sa police extérieure ». Point de tolérance surtout religieuse au XVIème siècle également, il faut attendre l’engagement de Voltaire pour la liberté religieuse avec l’affaire Calas exécuté en 1762, un protestant injustement accusé d’avoir tué son fils qui aurait voulu se convertir au catholicisme. L’année suivante Voltaire publie Traité sur la tolérance . Son énorme retentissement amène à la réhabilitation de Calas deux ans plus tard. Le philosophe dit en particulier « Jamais, depuis le jour de la Saint-Barthélemy, rien n’a tant déshonoré la nature humaine ». Et même si Voltaire n’a pas de sympathie particulière pour le protestantisme établi, il écrit en 1769 « Il y a dans le royaume des Francs environ trois cent mille fous qui sont cruellement traités par d’autres fous depuis longtemps». Point de liberté et d’égalité à au XVIème siècle, quand Jean-Jacques Rousseau dans le Contrat social publié en 1762 écrit « L'homme est né libre, et partout il est dans les fers ». La liberté existe naturellement mais la vie sociale engendre des inégalités entre les hommes contraints de se soumettre par la force à l'ordre politique source d'injustices et d'inégalités. C’est bien la situation de la France dans la seconde moitié du XVIème siècle entre les catholiques et les protestants.
La conception de Rousseau sur la liberté et l’égalité entre les hommes inspire la rédaction de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen en 1789 reprenant exactement les mêmes termes de Jean-Jacques Rousseau « tous les hommes naissent libres et égaux en droits ». L’article 10 reconnaît la liberté de culte.
Ainsi dans le contexte de l’époque au XVIème siècle il n’y a pas encore de place aux droits de l’Homme, la preuve en est dans l’étude des Tragiques.
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