Histoire Haiti/ Fritzner Etienne
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Indias
, ou encore
Historia general de los Hechos de los Castellanos,
publiés entre 1601 et
1615, sans oublier le
Journal de bord
de Christophe COLOMB ainsi que l’ouvrage
de Pierre
Martyr d’Anghiera,
De orbe novo
(1521-1526). Les auteurs qui ont écrit sur la période
française sont nombreux. Citons seulement quelques-uns : MOREAU DE SAINT-MERY,
Loix et constitutions des colonies françaises de l’Amérique sous le vent
(1784-1785) ; Emilien
PETIT,
Droit public ou Gouvernement des colonies françoises
(1771) ; Pierre-François-
Xavier de CHARLEVOIX,
Histoire de l’Isle Espagnole ou de Saint-Domingue
(1730-1731) ;
Michel René HILLIARD D’AUBERTEUIL,
Considérations sur l’état présent de la colonie
française de Saint-Domingue
(1776) ; NICHOLSON,
Essai sur l’histoire naturelle de l’Isle
de Saint-Domingue
(1776) ; RAYNAL (Guillaume Thomas),
Essai sur l’administration de
Saint-Domingue
(1785).
Période révolutionnaire
L’année 1789 marque un tournant capital dans l’histoire de la colonie de Saint-Domingue,
comme dans celle du monde occidental. Profitant de l’occasion qui leur est offerte par la
Révolution qui s’opère en France, les différents groupes sociaux de la colonie (planteurs,
négociants, ouvriers, petits métiers, etc.) s’ébranlent en vue de faire entendre leurs
revendications. Ces dernières varient en fonction des intérêts des divers groupes. Les
propriétaires voulaient l’autonomie économique et politique de la colonie vis-à-vis de la
France, pourtant, les hommes de couleur luttaient pour l’obtention l’égalité civile et politique
avec les Blancs. Les non propriétaires, rêvaient de devenir un jour propriétaires, tandis que
les fonctionnaires royaux sont honnis des propriétaires qui
voient en eux des corrompus,
intéressés uniquement à faire leur bourse avant de retourner en France, alors qu’ils sont
incapables de juguler les turbulences des esclaves. Ces derniers, de leur côté, attendent le
moment favorable pour se débarrasser de leurs oppresseurs et s’accaparer des terres que leur
sueur fertilise gratuitement. A la veille de 1789, la colonie de Saint-Domingue était
comparable à un baril de poudre prêt à exploser. Par contre, les maîtres étaient tous d’accord
sur un point essentiel : le maintien du système esclavagiste, base fondamentale des rapports de
production. Ils n’étaient divisés que sur la répartition des richesses générées par ce système
odieux. Les esclaves représentent le groupe le plus homogène. Ne bénéficiant
rien de la
richesse coloniale, dont ils sont le moteur principal, dans tout chambardement de la société, ils
ne peuvent sortir que gagnants.
Entre 1789 et 1791, la scène politique coloniale était dominée par les luttes entre différentes
factions de la classe des maîtres. A partir de l791, les esclaves, qui représentaient près de 86%
de la population de Saint-Domingue, font leur entrée fracassante sur la scène. Cet événement
donne aux mouvements de revendication une orientation nettement révolutionnaire. La liberté
était devenu le maître mot du moment et le cri de ralliement des masses serviles.
Les guerres révolutionnaires qui, entre 1792 et 1799, ont mis la France aux prises avec la
quasi-totalité des Etats européens, ont eu de graves conséquences
sur la colonie de Saint-
Domingue. Au début de 1794, plus de deux tiers de la colonie étaient aux mains des
puissances rivales de la France, notamment l’Espagne et l’Angleterre. Acculés par les troupes
espagnoles et anglaises, les Français sont obligés de faire appel aux esclaves révoltés auxquels
ils ont promis la liberté, en échange de leur aide contre les forces étrangères. Le 29 août 1793,
la liberté générale des esclaves est proclamée par Sonthonax, représentant du gouvernement
français à Saint-Domingue. Cette décision est ratifiée en février 1794 par
la Convention
Nationale. En effet, n’eût été le ralliement, en mai 1794, de Toussaint Louverture, un des
chefs des esclaves insurgés, à la cause de la République, la souveraineté de la France sur la
Saint-Domingue aurait été probablement perdue à jamais. La période 1794-1802 est marquée
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essentiellement par les efforts de Toussaint Louverture en vue, d’une part, d’expulser les
puissances étrangères du sol
de Saint-Domingue et, d’autre part, de contrecarrer les
prétentions des Anciens Libres (Les Affranchis) à la domination politique, économique et
sociale dans la colonie. A la fin du siècle, Louverture est censée débarrasser de ses ennemis
intérieurs et extérieurs. Promu à la fonction de gouverneur de la colonie, il promulgua en 1801
une constitution qui lui donna le titre de gouverneur général à vie avec le droit de nommer son
successeur. La constitution de Toussaint Louverture était considérée par la France comme un
manifeste d’indépendance. L’orgueil de Napoléon Bonaparte, le conquérant de l’Europe et de
l’Egypte, ne pouvait accepter cet affront à la souveraineté française. Il voyait dans l’ancien
esclave, devenu gouverneur, un rebelle qu’il faut soumettre par la force. En février 1802, une
expédition de plus de vingt mille hommes est envoyée à Saint-Domingue, afin de réduire
Toussaint Louverture. Cette expédition a été à l’origine de l’éclatement
de la guerre de
l’indépendance de Saint-Domingue. Elle était dirigée par le général Leclerc, beau-frère de
Napoléon Bonaparte. Les nombreux renforts porteront les forces expéditionnaires à plus de
quarante mille hommes. Défait, le général Louverture est capturé et déporté en France comme
prisonnier. On l’enferma au Fort de Joux où il mourut le 7 avril 1803. Cependant, la défaite de
Toussaint ne signifiait pas pour autant la fin de la guerre de l’indépendance. D’autres chefs
ont pris la tête du mouvement. En automne 1803, c’est la débâcle de l’armée française, face à
la détermination des forces révolutionnaires, conduites par un ancien officier de Toussaint
Louverture, le général Jean Jacques Dessalines. Les troupes françaises, commandées par le
général Rochambeau, ont capitulé le 18 novembre 1803. Le premier janvier 1804, l’armée
révolutionnaire proclame l’indépendance de Saint-Domingue, sous nom indien d’Haïti.
Dessalines est nommé gouverneur général à vie, avec le droit de désigner son successeur. Un
deuxième Etat indépendant venait de prendre naissance en Amérique.
Les ouvrages suivants peuvent être d’une grande contribution à l’étude de la période
révolutionnaire : Etienne CLAVIERE,
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