participer à une start-up. À mon époque, c’était plus proche de 0 %. Il y avait
bien deux ou trois cas isolés, mais pourquoi se lancer dans une telle aventure
quand les corps de l’État ou les grandes entreprises vous tendent les bras ? Il
était difficile d’accéder à l’investissement en France, et nous n’avons pas,
face à l’argent, la même culture que les Anglo-saxons, pour qui il ne s’agit
que d’un outil. Mais ces investissements récents de la BPI ont permis à de
potentiels entrepreneurs, ceux qui avaient vraiment des idées, de se lancer.
Quand on regarde les entreprises lancées ces dernières années, pratiquement
toutes ont bénéficié de cette initiative. L’effet pervers, typiquement français
car on ne peut pas contrôler comment sont utilisées ces aides, est que certains
« entrepreneurs » se sont dit qu’ils pouvaient récupérer 50 000 ou
100 000 euros et faire une pause pendant trois ans. Peu de grandes entreprises
s’intéressent à l’IA, l’industrie française est un peu à la traîne de ce côté-là.
Concernant la recherche privée en France, il y a encore trop peu
d’opportunités, à l’exception de Facebook, Google ou Samsung et de deux ou
trois autres labos qui sont en train de se créer, rares sont ceux qui se lancent.
Quant à la recherche publique ou universitaire, c’est compliqué pour un jeune
s’il est ambitieux et veut des moyens. La tentation de l’expatriation est forte
car l’herbe est plus verte de l’autre côté de la barrière. Il y a urgence à
revaloriser la recherche et les doctorats en France car malgré plusieurs années
d’apprentissage supplémentaires, on a toujours intérêt aujourd’hui à faire une
école d’ingénieur comme Polytechnique, Centrale, ou les Mines, plutôt qu’un
doctorat, pour acquérir plus de crédibilité sur le marché du travail. Ayant fait
mon doctorat au sein d’une grande école, j’ai certainement eu la chance de
voir et d’avoir le meilleur des deux mondes, mais je sais que la rigueur et les
méthodologies qu’on apprend en faisant de la recherche sont des compétences
tout aussi utiles et recherchées dans le monde de l’entreprise et même de
l’entreprenariat. Les États-Unis le reconnaissent depuis longtemps et font des
ponts d’or aux docteurs de tout poil. Une autre différence intéressante est
qu’on a beaucoup moins peur de l’échec, il y est même encouragé. Si vous
n’échouez pas au moins une fois, vous n’apprenez rien. À titre personnel, j’ai
lancé quatre entreprises depuis BravoBrava! et seulement deux sont
considérées comme des succès. Quand vous connaissez l’échec une fois, vous
êtes beaucoup mieux préparé pour éviter le prochain. Il faut savoir que seules
10 % des start-up créées dans la Silicon Valley réussissent. On commence
petit à petit à accepter l’échec en France et à voir des gens qui se disent :
« Finalement, si je me plante, ma famille ne va pas me rejeter, mes amis ne
vont pas me regarder comme un pestiféré ». L’écosystème que l’on est en
train de créer commence à vibrer, être intéressant et donne à des gens très
différents l’opportunité de créer des sociétés. Il y aura du déchet c’est sûr,
mais il y aura aussi des pépites.
Enfin je ne peux parler des liens forts entre la France et l’IA sans faire un
constat : dans la plupart des grandes entreprises de la Silicon Valley, les gens
qui sont à la tête des départements qui font de l’intelligence artificielle sont
Français. Yann LeCun, Alexandre Lebrun et Jérôme Pesenti (ancien d’IBM)
chez Facebook, Nicolas Pinto chez Apple, Yves Raimond chez Netflix, Jean-
Philippe Vasseur chez Cisco, pour ne citer qu’eux.
Reste maintenant à définir ce qu’est cette fameuse « intelligence
artificielle » au sujet de laquelle on entend tant de bêtises…
.
Célèbre université américaine du Massachussetts fondée au
XIX
e
siècle.
.
Laboratoire dédié aux projets de recherche mêlant design, multimédia et technologie.
.
Parc : Palo Alto Research Center.
. Chief executive officer
, le directeur général.
.
Société française spécialisée dans l’informatique professionnelle.
.
Assistant vocal d’Apple.
.
Groupe de pratiques de pilotage et de réalisation de projets, qui ont pour origine le manifeste Agile,
rédigé en 2001.
. Chief technology officer
ou directeur de la technologie.
Service de cartographie développée par Apple pour iOS.
Assistant personnel numérique mis sur le marché par Apple en 1993, abandonné en 1998.
D
EUXIÈME
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