Kamel Touati / Géographie, économie, Société 10 (2008) 263-284
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reusement inappropriée. Depuis la fin des années 90, presque tous les pays arabes ont
entrepris des réformes dans ce secteur. Ces réformes vont de la simple restructuration
à – comme c’est souvent le cas – la privatisation des opérateurs historiques. L’objectif
est de créer une concurrence plus efficiente dans des segments de ce marché et de
moderniser les structures de contrôle et de régulation. Et pour cela, des autorités de
régulation indépendantes ont été mises en place. Cependant, malgré une assise légale
relativement forte, ces nouvelles institutions font face à d’énormes défis. Elles souffrent
principalement d’un manque d’autonomie adéquate et d’un mandat clair pour mettre
en application des décisions clefs à l’abri des interférences politiques
25
. A cela s’ajoute
un manque de coordination dans l’acquisition de réseaux de télécommunications, qui
empêche l’unification et la connexion des pays arabes. Pour ne citer qu’un exemple,
l’incompatibilité des réseaux de téléphonie mobile signifie que les abonnés ne peuvent
pas utiliser leurs téléphones hors de leur réseau d’origine.
L’accès à Internet est aussi tributaire du marché des fournisseurs. Aujourd’hui le
plus grand nombre des pays arabes a, au moins, partiellement libéralisé ce secteur,
ou en cours de le faire
26
. Et le nombre de fournisseurs d’accès augmente rapidement.
Toutefois, certains blocages subsistent. Ainsi, un nouvel entrant dans le marché des
fournisseurs d’accès au services Internet devra, encore aujourd’hui, demander des
licences dans certains pays (en Jordanie et en Algérie par exemple). Et même s’il existe
en théorie un marché ouvert, la compétition entre les prestataires de services reste faible
et elle est donc loin de jouer en faveur des internautes.
Certaines raisons socio-culturelles ne plaident guère en faveur d’une réduction de la frac-
ture numérique. Mais il ne faut toutefois pas oublier le caractère politiquement sensible de
l’accès à l’information et de la liberté d’expression dans le monde arabe. En effet, habitués
à imposer des restrictions aux médias et à contrôler étroitement l’information, les régimes
autoritaires arabes hésitent à proposer une grande masse d’informations nationales en ligne
et cherchent à ne pas perdre totalement le contrôle du contenu, même des sites Internet
nationaux existants. Le cas de l’Arabie Saoudite offre une bonne illustration de cette situa-
tion. Ce pays consent un effort important en vue d’expurger du Net des sites à caractère illi-
cites, tant sur le plan sexuel que religieux
27
. La difficulté de contrôler certains sites Internet
qui ne respectent pas les valeurs sociales, religieuses et politiques du pays se traduit par leur
fermeture pure et simple. C’est ce qu’ont subi dans ce pays les clubs connectés sur le site
“Yahoo”, par exemple, en 2000. Selon le directeur du centre de sécurité d’Internet de la ville
des sciences et de la technique à l’époque: «
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