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1853




Deux circulaires


[1] L'année 1853 commença par une longue circulaire dont nous donnons quelques passages :
[2] "Mes B.C.F., Bien des fois je vous ai témoigné, soit de vive voix, soit par écrit, les consolations que j'éprouve en voyant votre bon esprit, votre dévouement à l'Institut et votre attachement à votre sainte vocation. Mais ces sentiments qui vous animent tous se sont produits avec tant d'éclat et d'unanimité à l'occasion de la nouvelle édition de la Règle que je ne puis m'empêcher, après en avoir rendu à Dieu de très humbles actions de grâces, de vous en exprimer de nouveau toute ma satisfaction.
[3] Chacun de vous a reçu cette Règle, non seulement avec soumission et respect, mais encore avec joie et bonheur. Vous l'avez regardée, non comme un fardeau qu'on vous imposait, mais comme une aide que l'on accordait à votre faiblesse, comme un ami fidèle, comme un guide sûr que l'on vous donnait pour vous diriger et vous conduire dans la voie de la perfection. J'ai été édifié en voyant avec quelle avidité vous la lisiez, en entendant avec quel respect, avec quelle estime vous en parliez et en apprenant en combien d'autres manières vous témoigniiez que vous l'aimez et qu'elle a toutes les affections de votre coeur..."

[4] La circulaire entre ensuite dans de savantes considérations sur la nécessité d'observer ponctuellement la Règle, sur l'excellence des obligations de notre état et sur les moyens de les remplir parfaitement.


[5] "Je termine, disait l'auteur, cette instruction en faisant pour vous, à l'occasion de la nouvelle année, les mêmes voeux que l'apôtre saint Paul faisait pour les fidèles de Galatie et pour lesquels il termine l'admirable épître qu'il leur adresse : "Je souhaite la paix, la miséricorde à tous ceux qui se conduisent selon cette Règle."
[6] Le F. Supérieur écrivit une deuxième (lettre) circulaire le 11 janvier, pour recommander aux Frères d'envoyer leurs lettres ensemble et sur un papier léger. Le port d'une lettre de 7 gramme et 1/2 à 15 grammes, était de 50 centimes et de un franc lorsqu'il dépassait 15 gr. La plupart des Frères avaient écrit isolément ou s'étaient servis d'un papier trop fort et avaient ainsi doublé, triplé et même quadruplé le port de leurs lettres.
[7] Le Supérieur engageait ensuite les Frères à remercier Dieu de la marche ascendante de l'Institut, des nombreuses fondations qu'il avait faites ou qu'il était en voie de faire et des nombreux postulants qui remplissaient les divers noviciats.

Affaires matérielles


[8] Le 12 janvier, il écrivit à Mgr. d'Autun que Mme de Rocca refusait ce qu'elle avait promis si le noviciat n'était pas placé au Bois Sainte-Marie. "Malgré ce refus, ajoutait-il, j'espère que nous parviendrons à placer le noviciat à Charolles. Il est urgent d'acquérir un emplacement et d'y construire pour l'externat.
[9] Cela demandera une dépense d'environ 22.000 fr. L'Institut s'en chargera moyennant tout le revenu de la propriété donnée pour l'école, le billet de 10.000 fr. déposé au séminaire d'Autun et les 5.000 fr. que l'on espère retirer en vendant la maison qui est en ville."
[10] L'évêché de Belley offrait à l'Institut les 34.000 fr. restant pour Saint-Didier dont nous avons déjà parlé. Le C.F. François répondit qu'il préférait les voir placer sur l'Etat. On les y plaça, mais la conversion du 5% arriva, la soulte ne fut pas payée et la rente fut réduite de 1.700 à 1.500 fr. Le F. Nizier, directeur de cette maison, se fit autoriser à dépenser une trentaine de mille francs pour allonger le bâtiment d'environ 10 mètres de chaque côté, pour élever deux pavillons à la porte d'entrée et pour construire 5 petites classes et un préau provisoires, mais qui ont duré fort longtemps.
[11] M. Lapalu, vicaire à Digoin, offrit, de la part du baron de Chizeuil, un terrain assez vaste, mais sablonneux, pour y placer le noviciat de Vauban. Le F. Directeur général le remercia de son offre et lui promit de le prendre en grande considération.

Rapports avec le R.P. Colin


[12] Le 31 janvier, le R.P. Colin remercia les supérieurs des voeux qu'ils avaient formés pour lui le premier dudit et les pria de croire à tout son dévouement. Il leur demanda un Frère pour le français de l'école secondaire de la Seyne, disant que ce Frère logerait et vivrait avec ses confrères, qu'il n'aurait que ses leçons à donner et qu'il recevrait un traitement convenable. Il ajouta qu'il en demanderait d'autres, plus tard, pour le même service.

[13] Le C.F. François lui exposa les raisons pour et contre, lui promettant de s'en rapporter à sa décision. Cette réponse mécontenta le R. Père et il riposta pour s'en plaindre, disant que les Frères n'étaient pas reconnaissants des services que les Pères leur rendaient en leur fournissant des aumôniers.


[14] Le F. Supérieur lui répondit en regrettant que ses sentiments n'eussent pas été compris, en remerciant le R. Père de ce qu'il voulait bien s'engager à nous continuer les aumôniers, bien que la Règle des Pères s'y opposât. Il terminait en promettant de se rendre à Lyon pour s'entendre avec le R. Père sur la demande pour la Seyne et sur d'autres questions.

Saint-Genis-Laval


[15] M. le maire de Saint-Genis-Laval demanda 3 Frères. On les lui promit, le 7 février, pour la rentrée suivante, même pour le mois de mai au besoin et on lui envoya les conditions. M. Magat, curé archiprêtre, vint ensuite discuter ces conditions à l'Hermitage. La vue de nos rochers, de notre étroit vallon et de l'humidité de la maison l'étonna. Il en témoigna sa surprise aux supérieurs.
[16] Ceux-ci lui avouèrent leur désir de trouver mieux. "J'ai ce qu'il vous faut presque à côté de mon église, répondit M. Magat. C'est un superbe enclos, en grande partie planté de vignes dont le produit est renommé sous le nom de vin du Montet. Il y a de belles eaux. La propriété est inclinée au sud-est et l'on y jouit d'un superbe coup d'oeil sur la vallée du Rhône, le Dauphiné et les Alpes."
[17] "C'est bien, répondit le C.F. Louis-Marie, mais nous n'avons pas assez d'argent pour posséder si beau. - Je m'occuperai de cette affaire si vous le désirez, répliqua M. le curé et j'espère vous la faire conclure à des conditions très raisonnables." La chose fut entendue et les Frères allèrent ouvrir l'école de Saint-Genis en mai.

Espoirs et déceptions


[18] M. le curé d'Azé, canton de Lugny, Saône et Loire, demanda aussi des Frères. Nous lui fûmes envoyés et constatâmes que ce canton était très mauvais. Onze hommes seulement avaient fait leurs pâques dans les 22 paroisses qui le composaient. La demande de M. le curé ne fut pas acceptée, malgré ses nombreuses réclames.
[19] La propriété de Charolles dont nous avons parlé, était toujours en vente. On en voulait 50.000 fr. Il aurait fallu 80.000 fr. pour y construire le noviciat. C'était les appréciations du F. Antoine-Régis, qui était sur les lieux pour s'occuper de la construction de l'externat. Sous sa pression, le C.F. François proposa à Mgr. d'Autun de se charger de la construction, pourvu que Sa Grandeur lui abandonna le château et le parc de Vauban et lui laissa prélever 15.000 fr. sur la propriété donnée pour l'école de Charolles. Il offrait même 30.000 fr. sur les deniers de l'Institut pour l'acquisition de la propriété qu'il convoitait, pourvu que Mgr fournit les 20.000 autres.
[20] Comme on le voit, nos supérieurs étaient saisis d'un bel élan de générosité. 15 jours après, ils apprirent que l'objet de leur convoitise, dont ils avaient fait offrir 46.000 fr., était vendu sournoisement à un marchand de biens. On en avertit Mgr. et on garda l'espoir que l'acquéreur voudrait bien céder son marché. On fut déçu dans cette attente.
[21] Mgr. l'évêque de Moulins appuyait les curés de Saint-Menoux, de La Prugne et d'Arfeuilles qui demandaient des Frères. Dans le dernier endroit, il offrait les bâtiments d'un ancien petit séminaire transféré à Moulins en 1847 et demandait que l'on y fît un noviciat. On le remercia de ses excellentes dispositions à l'égard de l'Institut. On lui promit des Frères pour Saint-Menoux et pour Arfeuilles, lequel, dit-on, était trop mal placé pour un noviciat. On y fit un pensionnat où l'on étudiait la vocation des enfants qui désiraient entrer dans l'Institut, pour les placer ensuite dans le noviciat qui devait être établi dans le diocèse d'Autun ou dans celui de Moulins et qui devait fournir des Frères à tous les deux.
[22] L'école de Saint-Martin-en-Haut était dotée en partie et les enfants aisés payaient un franc ou 1.50 par mois. M. l'abbé Vincent, recteur du département, ne pouvait supporter cela. Il voulait que cette école adopta les taux de 2 fr. et 2.50 qu'il avait imposés à toutes les écoles communales du département. Il menaçait le F. directeur de révocation s'il n'adoptait pas ces taux. L'intervention du maire, du curé et une lettre des supérieurs n'y firent rien. Nous fûmes le trouver. M. le recteur le prit de haut, accusa tous les congréganistes d'insubordination et leurs supérieurs d'entêtés. Nous le laissâmes crier, après quoi nous refusâmes d'accepter les taux proposés. "Je révoquerai tous vos Frères tonna M. Vincent, je mettrai à la raison ces Frères et ces Soeurs qui sont tous ingouvernables, qui ne savent que s'opposer au bien.
[23] - Ils voient le bien à leur point de vue, reprîmes-nous, et le font parfois contre leurs intérêts matériels. L'école de Saint-Martin a une petite rente dont les élèves bénéficient et nous y tenons. - Vous accepterez mes taux ou je révoquerai votre Frère. - Si vous le révoquez, nous aurons recours à qui de droit. Ce serait notre intérêt d'accepter les taux que nous refusons, mais nous cherchons à faire le bien et non à nous enrichir.
[24] - Allons, votre Supérieur que je connais, est un brave homme, mais un entêté. Faites-lui entendre raison. - Mon Supérieur, M. le recteur, a autant de bon sens dans son petit doigt que moi dans toute ma personne. Je me garderais donc bien d'essayer ce que vous dites. D'ailleurs s'il cédait, le curé et le maire de Saint-Martin sont encore là. - Oh! ces deux-là, je m'en moque. - Moquez vous-en, si cela vous plaît, mais nous ne céderons pas." Et nous nous retirâmes. M. Vincent qui n'accompagnait jamais les curés qui le visitaient, nous reconduisit jusqu'au bas de son escalier, en nous répétant de convertir notre Supérieur. Rien ne fut changé à l'école de Saint-Martin.

Seconde session du Chapitre général


[25] Le 9 avril, le C.F. Directeur général écrivit encore une longue circulaire sur la nécessité de l'esprit de foi, sur les moyens de l'acquérir et de le conserver. Il la terminait en annonçant l'ouverture de la 2 session du Chapitre général, pour le lundi de la Pentecôte 16 mai.
[26] Dans cette session, le Chapitre s'occupa du Guides des Ecoles. Le projet fut retouché en plusieurs endroits. Le chapitre concernant le dessin fut rejeté en entier et rédigé à nouveau par une commission nommée par le Chapitre, parmi ses membres les plus aptes à cet art que les membres du Régime n'avaient pas étudié. Nous ne disons rien de plus de cet ouvrage. Les Frères doivent le lire, le relire et le pratiquer de leur mieux. Il doit être pour eux un précieux directoire dans leurs classes.

Frères Maristes contre Clercs de Saint-Viateur


[27] M. le curé d'Ambierle avait des Frères de Saint-Viateur dont il n'était pas content. Il en demanda des nôtres et se fit appuyer par le cardinal de Bonald, son archevêque. On répondit à son éminence et à M. le curé qu'on ne pouvait se décider à supplanter ces bons Frères, qu'on ne voulait pas leur faire la moindre peine, que leur Supérieur, s'il était averti, donnerait pleine satisfaction, etc... M. le curé revint à la charge et on lui répondit ainsi :
[28] "Je n'ai encore rien reçu de M. Querbes, mais Mgr. m'a écrit de nouveau que je n'avais pas à m'inquiéter à ce sujet, que c'était lui-même qui m'imposait votre établissement et que je ne faisais qu'obéir. J'ai donc répondu à son ém[inence] que puisqu'Elle l'ordonnait, je vous enverrais des Frères en remplacement des Clercs de Saint-Viateur et que je le ferais le plus tôt et le mieux qu'il me serait possible."

Clos du Montet à Saint-Genis-Laval


[29] Le C.F. Louis-Marie était allé voir la belle propriété dont lui avait parlé M. le curé de Saint-Genis. Par prudence, il ne l'avait vue qu'à la dérobée et de la cime de l'un des murs de clôture. Il en avait été enchanté.
[30] Il s'entendit donc avec le notaire du lieu et, sans que la venderesse sût à qui elle vendait, le premier juillet en l'étude de Me Chandelux, notaire à Saint-Genis-Laval, assisté de Me Lecourt, notaire à Lyon, la société civile de l'Institut, représentée par les Frères Bonaventure, François et Louis-Marie, acquit de M. Richard, exécuteur testamentaire de Mme veuve Dumontet et mandataire de Mme veuve Noally,
[31] savoir :

1 Un enclos, un manoir et des bâtiments d'exploitation, de la contenance de 11 hectares, 46 ares, 40 centiares;

2 Tous les meubles meublant et objets mobiliers qui se trouvaient dans les dits bâtiments;

3 Le droit de suivre et d'entretenir les canaux passant sous le chemin de Pierre-Bénite, ainsi que sous les propriétés au nord de ce chemin et amenant les eaux dans la propriété vendue;



4 Une terre dite de Montcorin, d'une superficie de 2 hectares, 46 ares, moyennant le prix total de 230.000 fr., tous frais compris.
[32] L'acte étant dressé, les notaires le portèrent au manoir pour le faire signer à la venderesse. Les trois Frères se montrèrent alors seulement pour le signer aussi. Mme se retira dans son appartement avec sa bonne et l'on l'entendit s'écrier : "Ah! malheur! si j'avais su à qui je vendais, j'aurais eu 50.000 fr. de plus! Ces messieurs n'auraient pas reculé."
[33] Pour s'aider à payer la dite propriété, les acquéreurs vendirent celle de la Grange-Payre au prix de 75,000 fr. L'école spéciale, qui y avait remplacé le pensionnat, en fut retirée. Quelques épargnes, quelques dons, surtout le dévouement de tous les Frères de l'Institut payèrent le reste, ainsi que les constructions à faire. Quelques Frères furent placés dans cette propriété pour la cultiver, en récolter les fruits, les vendre ou les envoyer à l'Hermitage. Ils étaient sous la direction du F. Théodore qui venait d'être nommé instituteur communal de la ville. M. l'abbé Bélier, ancien missionnaire du diocèse de Valence, d'abord retiré à l'Hermitage, leur servit d'aumônier.
* * *
[34] L'un des vicaires généraux d'Orléans demandait instamment des Frères pour une école de sourds-muets. On les lui refusa poliment, attendu que cette spécialité n'est pas dans notre programme.
* * *
[35] Le 19 juillet, le F. Supérieur convoqua les Frères aux diverses retraites dont deux à l'Hermitage. Elles eurent lieu comme à l'ordinaire. Il ajouta ensuite :
[36] "Nous avons terminé l'importante acquisition dont nous avons entretenu le Chapitre général au mois de mai et que la plupart d'entre vous connaissent déjà, mais ce n'a pu être qu'en contractant un emprunt considérable et à un fort intérêt. Comme vous avez tous vu cette acquisition avec plaisir, parce qu'il vous a paru, comme à nous, qu'elle était réclamée par les besoins de l'Institut et ménagée par la Providence, j'espère que vous continuerez à faire tous les efforts possibles, soit pour nous aider à éteindre la dette énorme qu'elle nous laisse, soit pour nous mettre à même d'entreprendre bientôt la construction que nous avons à faire.
[37] Il est certain que nous avons tous besoin de redoubler de zèle, d'ordre et d'économie dans l'administration du temporel de nos maisons, si nous voulons mener à bonne fin cette importante entreprise qui vous intéresse tous également, puisqu'il s'agit de la maison centrale de tout l'Institut. Je compte donc pour cela sur tout le dévouement, non seulement des Frères directeurs, mais encore de tous les membres de la Congrégation. Vous aurez tous à coeur, je n'en doute pas, de nous venir en aide, chacun selon votre pouvoir et vos facultés. Du reste, le religieux empressement avec lequel ceux que nous avons engagés à prendre part aux premiers frais d'acquisition ont répondu à notre appel, nous est une preuve aussi sûre que consolante du zèle que vous mettez à achever cette oeuvre qui nous est commune."

Charolles et Paray-le-Monial


[38] La construction de l'externat de Charolles coûta beaucoup plus qu'on ne s'y attendait. Le Cher Frère communiqua son embarras à Mgr. d'Autun, lui déclara que l'Institut ne pouvait pas se charger seul de cet excédent de dépenses et le pria de lui trouver quelques secours. Mgr. chargea son notaire à Autun de vendre la propriété donnée par la fondatrice. La chose fut conduite de telle manière que la propriété fut vendue les 2/3 seulement de sa valeur, c'est-à-dire 52.300 fr., ce qui, avec le billet dont nous avons parlé et le prix de la maison en ville, porta la totalité de la fondation à environ 67.000 fr. Sur cette somme, on préleva environ 35,000 fr. pour payer l'emplacement et la construction de l'externat. Le reste fut placé en rentes sur l'Etat et produisit annuellement 1.506 fr. C'était peu pour 4 Frères et l'on fut obligé de faire payer les enfants les plus aisés.
[39] Quant à placer le noviciat à Charolles, on y renonça, cela aurait trop coûté. Une lettre de M. le maire de Paray-le-Monial ramena le projet de le placer dans cette ville. Il offrait l'abbaye que l'on avait trouvée trop malsaine l'année précédente, parce qu'on l'avait visité pendant une inondation.
[40] La ville fournissait cette abbaye à condition que le noviciat y serait établi, que l'Institut donnerait des Frères pour l'externat dont les classes seraient aussi dans l'abbaye et que quelques élèves y recevraient des leçons de latin. On remercia M. le maire de son offre et on lui fit espérer que l'on pourrait s'entendre.
[41] On écrivit ensuite à Mgr., pour lui dire que l'on ne pouvait se résigner à supplanter les Frères des Ecoles Chrétiennes et que la Règle s'opposait à ce que nos Frères enseignassent le latin. On demanda ensuite au T.H.F. Philippe s'il consentait librement à retirer ses Frères de Paray. Ce Supérieur général répondit qu'il n'y consentirait qu'avec beaucoup de peine. On communiqua cette réponse à Mgr. et on le pria d'abandonner ce projet. Mgr. de Marguerye décida le F. Philippe à retirer ses Frères et on avertit nos supérieurs. Ceux-ci, par un excès de délicatesse, allèrent voir le F. Philippe à Paris et il fut convenu que nos Frères remplaceraient ceux des Ecoles Chrétiennes à l'externat en octobre. Nord ; Lens

43.
[42] Une correspondance eut lieu ensuite avec M. le maire, pour les engagements que devait prendre l'Institut. Le C.F. François demanda que la ville fit un traitement convenable aux Frères qui seraient employés à l'externat, que cet externat fût placé en dehors de l'abbaye, que la cure elle-même en sortît, que deux fenêtres de la sacristie donnant sur l'abbaye fussent condamnées. Les dépendances étaient insuffisantes. Il fallait y joindre un grand jardin, assez rapproché. Le C.F. annonça à Mgr. que l'Institut ne pouvait le payer et le pria de trouver des bienfaiteurs pour cela. Les choses traînèrent en longueur.


[43] Le jour de la rentrée des classes était passé, les enfants polissonnaient dans les rues et rien n'était terminé. M. le curé que l'on avait peut-être laissé trop en dehors, s'impatienta de ces retards. Il pria le T.H.F. Philippe de renvoyer ses Frères. Les nôtres étaient pourtant nommés. La veille de leur départ on apprit le retour des autres et on retint les nôtres à l'Hermitage.
[44] A Mgr. qui s'étonnait de ce retour, le F. Philippe répondit que le retrait de ses Frères de Paray avait tellement peiné le F. directeur de cette maison qu'il en était tombé gravement malade et qu'il ne croyait, lui, Supérieur, avoir le droit d'imposer une telle peine à son subordonné. Ainsi échoua le projet du noviciat à Paray, comme il avait échoué à Charolles, à Digoin et au Bois-Sainte-Marie. Il resta donc encore à Vauban pendant deux ans.

Retraites — Professions


[45] Comme les années précédentes, le F. Supérieur ne put assister aux deux retraites de l'Hermitage, non plus qu'à celles de Saint-Paul et de La Bégude. Il était retenu par les difficultés qu'on lui suscitait dans quelques maisons du Nord, surtout dans celle de Lens.
[46] Après les retraites, les 62 Frères dont les noms suivent firent profession. Frères : Canut, Marie-Arsace, Almaque, Bénin, Aphraate, Victorius, Anthelme, Priscien, Euthique, Carpophore, Caste, Eustoche, Ethelbert, Octavien, Rupert, Maximilien, Marie-Vitalien, Cyriaque, Athès, Herman, Bertoul, Marie-Damien, Basle, Chronidas, Aristée, Evence, Marie-Capiton, Clément, Fulgence, Casimir, Dagobert, Fidèle, Ulpien, Gilbert, Baudélius, Hildebert, Birin, Sosipâtre, Angel, Thérèse, Arator, Angelbert, Cindée, Adulphe, Ananie, Antonomie, Charlemagne, Zachée, Chromace, Céade, Silvère, Scholastique, Eybert, Toussaint, Clovis, Dubrice et Gaubert.

Des défections


[47] Les Frères Basle, Gilbert, Cindée, Ulpien, Céade et Dubrice étaient de ceux auxquels la charge de directeur est toujours nuisible.
[48] L'ex Basle dirigea plusieurs maisons et s'y montra bon administrateur. Il avait un certain patrimoine. Tenté de l'augmenter en s'appropriant une partie des économies qu'il faisait, au détriment des estomacs de ses seconds parfois, il succomba à cette tentation comme on le découvrit à Ecoche après sa sortie. Croyant profiter de son talent administratif, les supérieurs le nommèrent économe à l'Hermitage. Il est probable qu'il y continua ses rapines. Le démon qui avait perdu Judas, entraîna bientôt notre ex et lui joua un tour de sa façon. Réunissant son patrimoine et ses rapines, il se rendit à Marseille où une créature lui donna dans l'oeil. Elle était plus rusée que lui. Ils se réunirent, nous ne saurions dire comment. L'adroite friponne le décida à acquérir la maison dans laquelle elle tenait une épicerie, moyennant un loyer annuel. Notre homme se laissa prendre. Sa créature eut l'adresse de faire passer l'acte en son nom. Le patrimoine et les rapines de l'ex furent absorbés par cette acquisition. Quelques jours après, un petit garçon entra dans le magasin en disant : "Bonjour ma mère! et l'ex d'ouvrir de grands yeux. Un second, puis un troisième se présentèrent ensuite de la même façon. L'ex n'y tint plus, une vive altercation eut lieu au bout de laquelle la mégère, aidée de ses jouvenceaux, mit sa dupe dehors, en disant : "Après tout, je suis chez moi!" Le pauvre hère se trouva ainsi sans abri, sans sou ni maille. Pour comble de malheur, il tomba malade et fut réduit à se réfugier dans un hôpital où il mourut. Nous ne savons s'il s'était repenti.
[49] Les Frères Gilbert, Cindée, Ulpien, Céade et Dubrice qui abusèrent de leur position de directeurs pour violer les points de nos Règles, concernant les rapports avec le monde, s'y laissèrent entraîner et s'y conduisirent plus ou moins mal.
[50] La punition de l'ex Basle nous en rappelle trois autres que nous consignons ici, bien qu'elles n'aient pas eu lieu dans le même temps. Nous voulons parler des ex Sébastien, Platon et Arcade.
[51] Le premier fonda Saint-Didier-sur-Chalaronne en 1836. Ses faits et gestes enlevèrent bientôt aux paroissiens la haute opinion que leur excellent curé leur avait donnée des Frères. Nommé directeur à Goudargues plus tard, il y débaucha la directrice des religieuses, bossue comme lui, l'emmena dans son pays natal et y emporta une partie de la lingerie des Frères. La lune de miel fit vite place à la discorde, aux altercations et aux coups.
[52] L'ex Platon, bel homme, musicien, capable pour l'époque, mais trop vaniteux, fut d'abord bien édifiant. Nommé directeur, la sensualité lui fit bientôt croire qu'il était malade. Il en vint à ne vouloir plus ni classe, ni surveillance, ni cuisine, se disant trop fatigué! Entraîné par ses rapports irréguliers avec le dehors, il s'abaissa jusqu'à accepter une classe de bambins, sous la férule d'un titulaire laïque. A un ancien confrère qui s'étonnait de cet abaissement, il répondit : "On peut s'arranger chez vous de façon à prendre ses aises, mais dans le monde, il faut gagner son pain." Il se compromit peu après à Tullins, par ses rapports avec ses bambins et il fut obligé de passer la frontière pour échapper au bagne.
[53] L'ex Arcade avait une belle plume, une grande vanité et c'était tout. Directeur à Serrières et à Ampuis, il y fit tout pour s'attirer les louanges du monde. Un de ses élèves, injurié par lui, lui dit en pleine classe : "Toute votre science est au bout de vos doigts." Défroqué, il fut nommé instituteur dans une petite commune voisine et s'y maria. Quelques années après, il se rendit à Lyon avec sa femme pour y prendre part à un festin dont tous les convives mâles étaient des défroqués. Ayant bien bu, bien mangé et beaucoup péroré, il fallut songer au retour. A l'instant où muni de billets il allait prendre le train à Perrache avec sa compagne, il tomba mort sur le quai!... Sa femme dut se résigner à partir seule.
[54] Nous pourrions multiplier les faits de ce genre, mais nous nous en tenons-là pour le moment.

Nouvelles fondations


[55] Nos supérieurs n'avaient pu se défendre assez de nombreux solliciteurs et ils fondèrent cette année les 41 maisons dont les noms vont suivre. L'avenir nous dira s'il y a lieu de s'en réjouir. Londres, Sainte-Anne, Jaujac, le Bois-Sainte-Marie, Quincié, Montataire, Mormoiron, Fontvieille, Saint-Menoux, Saint-Genis-Laval, Vieux-Condé, Linselles, Arfeuilles, Decise, Ambierle, Thiviers, La Clayette, Bessenay, Ecoche, Hautefort, Berrias, Izeaux, Jouzieux, Lay, Périgneux, Pouilly-les-Feurs, Renaison, Saint-Alban-d'Ay, Saint-Pal-de-Chalançon, Saint-Pierre-de-Bressieux, Toulon-sur-Arroux, Vion, Carcès, Entraigue, Garrons, Le Luc, Saint-Hippolyte, Saint-Quentin-du-Gard, Sommières, Les Assions, Chassiers, Paris-Saint-Augustin.
[56] Paris-Saint-Augustin était un externat payant fondé, par M. le curé de la paroisse Saint-Augustin. Des tiraillements s'élevèrent bientôt entre lui et les Frères et cette maison ne fit pas de vieux os.
[57] Celle de Quincié qui dura 13 ans n'eut pas plus de chance. Ses trois directeurs se déroutèrent. L'un des trois à Quincié même, avec scandale, faute de fermeté et de clairvoyance de la part du curé trop naïf.
[58] Celle de Bois-Sainte-Marie était un orphelinat fondé par Mme veuve de Rocca, fille du Comte de Rombuteau ancien préfet de la Seine. Pendant sa jeunesse elle avait brillé dans les salons de son père. Mariée ensuite malgré elle, à un riche protestant, le ménage ne fut pas heureux. Devenue veuve sans enfants, elle voulut consacrer sa fortune ainsi que les 40.000 fr. de rente que lui avait laissés son mari, à de bonnes oeuvres. A l'orphelinat dirigé par nos Frères, elle en avait joint un pour les petites filles, avec un hôpital pour les vieillards, dirigés par les Soeurs du Saint-Sacrement d'Autun. Elle était humble, pieuse même mortifiée et ses trois oeuvres allaient d'abord très bien, mais elle avait plus de coeur que de tête. Elle voulut ensuite se faire religieuse du Saint-Sacrement et son confesseur eut le tort de la laisser faire. Au moment d'émettre des voeux, on lui demanda la renonciation à ses biens. Elle se figura alors qu'on l'avait reçue au couvent pour la voler. Dans son dépit, elle quitta le froc, retourna au Bois-Sainte-Marie, en renvoya les Frères et les Soeurs, confia ses trois établissements à des laïques et les donna enfin, avec tous ses revenus au département. Telles furent les tristes conséquences de son défaut de jugement et de l'imprévoyance de son confesseur.
[59] Saint-Pal était la paroisse natale du C.F. Jean-Baptiste et de plusieurs qui entrèrent au noviciat de Lavalla en 1822, y compris son frère qui ne persévéra pas.
[60] Nous avons dit déjà que les Frères remplacèrent à Périgueux l'instituteur Aubert, l'un des deux entêtés dans la scène des bas de drap en 1829.
[61] A Arfeuilles, les Frères habitèrent les locaux abandonnés par un petit séminaire. Pendant que celui-ci y fonctionnait, l'évêque diocésain assistait volontiers et prenait part aux examens des élèves. Un jour il en avisa un qui lui parut borné et de formes très paysannes. Pensant l'embarrasser, il lui posa cette question : "Peut-on baptiser avec du vin?" Le petit paysan répondit : "Mgr., je distingue : si c'était du vin servi sur la table de votre Grandeur on ne le pourrait certainement pas, mais on le pourrait fort bien avec le vin servi aux élèves!"... Les rieurs ne furent pas du côté de Mgr. de Pons. Les Frères créèrent un externat et un pensionnat dans lesdits bâtiments qu'ils devaient réparer et entretenir à leurs frais.
[62] A Decise, après quelques années, les Frères créèrent un pensionnat dans l'antique abbaye qu'ils habitent encore. Elle avait été acquise et elle appartient toujours à une trentaine d'actionnaires qui ne se sont jamais montrés généreux, bien qu'ils soient tous riches.
[63] Les Frères furent très mal logés à la Clayette pendant de longues années et jusqu'à ce que l'Institut, aidé par une souscription locale, eut acquis le terrain et construit le bâtiment dans lequel le pensionnat prospère depuis longtemps déjà.
[64] Hautefort, fondé par la célèbre famille de Damas, eut un externat, un pensionnat et un maigre noviciat, pendant une trentaine d'années. Le château était alors un des plus beaux et des plus richement meublés de France. Il est aujourd'hui (1889) en vente, le comte s'étant ruiné, soit dans les courses aux chevaux, dans les riches attelages, dans les nombreux domestiques galonnés, soit pour soutenir la cause d'Henri V : des millions y ont passés. Les Frères n'y ont plus qu'un externat fort précaire.
[65] Mgr. le vicaire apostolique de Mayssour demanda des Frères pour sa mission. On les lui refusa avec regret.
* * *
[66] Pendant cette année il y eut 207 postulants admis à revêtir le saint habit des Frères Maristes dans nos cinq noviciats.

Nos défunts


[67] La Société perdit les Frères Zacharie, Onésius, Herménégilde, Léger, Arpin, Erhard, Stanislas, Callixte, Babylas, Austremoine et Paschase qui quittèrent la terre pour le ciel.
[68] Le F. Paschase décéda en Océanie.
[69] Le F. Babylas, secrétaire à l'Hermitage, fut trouvé mort appuyé sur son bureau.
[70] Le F. Stanislas, dont nous avons déjà parlé plusieurs fois, avait toutes les qualités d'une belle âme : un bon jugement, un tact sûr, un coeur généreux, tendre et sensible, un caractère ouvert, liant, gai, affable et constant, une volonté forte et docile tout à la fois, une conscience droite et timorée, un savoir faire rare, un talent particulier pour traiter avec les hommes. Toutes ces qualités de fond étaient rehaussées et embellies par une piété solide et par toutes les vertus qui font le bon religieux. F. Stanislas fut un trésor pour ses supérieurs et pour tous ses Frères par les services qu'il leur a rendus.
[71] Après son noviciat, le vénéré Père, croyant qu'il désirait l'enseignement, le désigna pour un poste, mais il fut agréablement surpris quand le Frère vint lui demander la grâce de rester auprès de lui pour le servir et prendre soin du temporel de la maison. Il acquiesça d'autant plus volontiers à sa demande qu'il n'avait personne alors sur qui il pût se décharger du soin du temporel. Le bon Frère se livra à cet emploi avec un zèle et un dévouement incomparables. Il était propre à tout, il faisait tout avec goût et il réussissait à tout : faire la cuisine, approprier les appartements, soigner le linge, acheter les provisions et en prendre soin, faire le pain, travailler au jardin, servir les malades, se faire le domestique de tous les Frères, telle fut l'occupation, telle fut la vie du F. Stanislas. Et comme le jour ne suffisait pas à cette rude tâche, il y consacrait une partie de la nuit.
[72] Pendant la maladie du bon Père, en 1825, il l'avait soigné presque seul et avait passé six semaines auprès de lui, sans se coucher. Seul, il ne perdit pas la tête et soutint les courages abattus des autres. C'est lui qui décida M. Boiron à donner son bien, environ 40.000 fr. à la Congrégation. C'est lui qui accompagnait le bon Père dans un voyage à travers le mont Pilat, pendant lequel ils faillirent périr dans la neige. Enfin ce bon religieux fut toujours un instrument souple et très actif dans la main de la divine Providence.
[73] L'excellent F. Narcisse le remplace encore à la sacristie en 1890.

Etat financier


[74] Les finances moussèrent cette année. L'économe reçut 103.563 fr. des établissements pour vestiaire, primes et caisse commune. Le noviciat lui versa 36.525 fr. : il était nombreux. A l'aide d'un emprunt de 78.400 fr., il a payé 241.727 fr. pour Saint-Genis et autres acquisitions. De plus, il remboursa à divers : 19.849 fr. et paya 33.533 fr. pour le vestiaire des Frères. Aussi sa caisse était-elle presque à sec.


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